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Edward Sharpe And The Magnetic Zeros : "Notre album le plus puissant"

27 Août 2016
Edward Sharpe And The Magnetic Zeros : "Notre album le plus puissant"

La ballade des hippies magnifiques, entamée en 2009, n’est pas finie : voilà une bonne raison de croire en l’avenir.

Parti sur un coup de tête dans une épopée musicale sur les pas de Kerouac et la piste du Beat flamboyant, Alex Ebert fonde Edward Sharpe and The Magnetic Zeros comme il aurait convoqué ses meilleurs amis pour une transhumance vers l’amour. De toute façon, « Home is wherever I’m with you », y compris dans les festivals du monde entier depuis l’album Up From Below et cet hymne qui chante le voyage et l’amour absolu. A l’heure du quatrième album, le road trip de ces folkeux sublimes fait une nouvelle étape à Rock en Seine. Qu’ils soient assurés que le Parc de Saint Cloud, c’est aussi « chez eux ».

« PersonA », votre dernier album, est sorti il y a peu. Vous avez dit qu’il s’agissait de votre disque le plus puissant. En quoi l’est-il plus que les précédents ?

Alex Ebert : Si je me réfère uniquement aux paroles, c’est effectivement notre disque le plus puissant. D’un point de vue musical, c’est aussi le plus consistant. Cette combinaison fait de PersonA notre album le plus puissant. Je rajouterais que les textes sont aussi les plus intimes.

C’est la première fois depuis votre formation que tous les membres du groupe participent à l’écriture. Le temps était venu que cette phase de création soit plus collective ?

En effet, le temps était venu. J’ai écrit le premier album avant même de connaître la majorité des musiciens. Les deux suivants ont été créés relativement rapidement, donc c’était naturel que je sois de l’écriture. Là, on a eu plus de temps et on était devenu davantage un groupe. Il était normal que tout le monde y participe plus activement.

Pourquoi tant de temps d’ailleurs entre vos deux précédents albums ? L’album éponyme « Edward Sharpe and the Magnetic Zeros », est sorti en 2013. PersonA en avril 2016…

On a beaucoup tourné. On a aussi traversé pas mal de changements. Mais je ne sais pas au fond pourquoi il s’est passé trois ans…

A la sortie de « Here », vous vous étiez « mis à nu », selon vos propres mots. Pour « PersonA », les paroles sont plus intimes que jamais. Est-ce que je me trompe si je vous dis que plus vous sortez de disques, plus vous vous révélez ?

Vous avez tout à fait raison. Maintenant, comme dans la vie ou en politique, tout est une question de balancier. Quand on va aussi loin dans une direction, généralement le mouvement d’après est contraire. Qui sait ? Peut-être que l’album suivant sera très impersonnel…

Vous vous voyez vraiment écrire et ensuite défendre sur scène une chanson « impersonnelle » ?

Je pourrais écrire une chanson qui ne soit que pure énergie, ou qui ne correspondrait qu’à une partie de ma personnalité. Mais il est vrai que l’incarner sur scène serait plus difficile peut-être. C’est d’ailleurs quelque chose que j’ai appris avec les années : une chanson que l’on écrit devient une sorte de mantra au fil des années. Parce qu’on la joue, on la rejoue encore et encore sur scène, soir après soir sur scène. Si j’écris une chanson négative, généralement je la mets à la poubelle ou je ne l’intègre pas à un album, car je ne veux pas que ce morceau devienne justement un mantra ! Nous vivons de la musique mais nous vivons aussi à travers elle.

Vous avez décidé de « tuer » le personnage d’Edward Sharpe, votre double musical. Et d’ailleurs le clip de votre dernière chanson, « No Love Like Yours », raconte votre propre enterrement…

C’est parfait non ? C’est Olivia Wilde qui a eu l’idée de cette vidéo, qu’elle a d’ailleurs réalisée. Il était temps de tuer Edward Sharpe. De toute façon, ce n’était qu’un nom, un personnage, quelque chose qui me permettait d’avoir peut-être davantage de liberté. Ironiquement, ce personnage m’a permis de me redécouvrir pleinement. Une fois que je me suis redécouvert justement, Edward Sharpe n’avait plus trop d’intérêt.

Le clip de « No Love Like Yours », comme vous l’avez dit, est une création de la comédienne Olivia Wilde (ndlr : vue notamment dans la série « House » et dans le fil « Tron l’héritage »). Comment vous a-t-elle présenté cette idée, saugrenue, de votre propre enterrement ?

Avec beaucoup de délicatesse ! (rires) Au début elle a tourné un peu autour du pot. J’imagine qu’elle ne savait pas trop comment j’allais réagir. Mais une fois que j’ai compris l’idée, c’était devenu une évidence. C’est absolument parfait. C’est bizarre aussi de jouer son propre enterrement ! (rires) On est d’une certaine manière en train de dire à l’univers qu’on va mourir. Mais le tournage a été une incroyable expérience. Olivia souhaite passer à la réalisation et elle a un talent formidable.

En dehors de la musique, vous êtes un citoyen particulièrement actif. Vous travaillez sur une plateforme collaborative pour inciter les internautes à comprendre et changer le système fiscal américain, vous avez apporté votre soutien au candidat Bernie Sanders lors des primaires démocrates… Cette expression est une obligation pour vous ou est-ce qu’il s’agit d’une action « naturelle et logique » ?

Non, effectivement, c’est quelque chose de naturel. Si je ne faisais pas de musique, je travaillerais probablement là-dedans. La musique est un moyen d’expression. Dans le dernier album, de nombreuses chansons traitent frontalement de la religion, de la politique ou de la culture par exemple. En parallèle de la plateforme, nous travaillons également sur un programme de réhabilitation d’un quartier de Detroit. Toutes ces actions sont capitales pour moi, mais je ne voudrais pas que l’on pense que c’est pour une motivation marketing. C’est tout le contraire. C’est avant tout une forme d’expression.

En parlant de religion, justement, vous utilisez souvent des symboles, des mots à caractère religieux..

J’aime bien me réapproprier certains termes , utiliser des mots à caractère religieux dans un contexte tout à fait différent. Une religion ou une partie de la population ne doit pas être « propriétaire » de certains mots ou concepts, surtout lorsqu’on parle de spiritualité.

Pour en revenir à la politique américaine, dans laquelle vous vous impliquez à titre personnel, on observe de France le très étonnant phénomène Donald Trump…

Malheureusement aux Etats-Unis, une frange de la population est assez peu ou mal informée. Et ces gens ont l’impression que le pays devient de plus en plus libéral, voire trop, sans leur consentement. Ils ont aussi le sentiment que les Afro-Américains, que les Latinos ou les immigrants obtiennent trop d’avantages. Là où le manque d’information ou d’éducation devient problématique, c’est qu’il faut justement toujours avoir une vision sur le long terme, en connaissant et en comprenant l’histoire d’un pays et le contexte actuel. Et cela permet au racisme et au nationalisme de prospérer. Et c’est ce que nous vivons actuellement. Mais c’est une petite frange de la population qui s’exprime ainsi, et elle est particulièrement bruyante. Je me souviens d’une formidable citation de l’humoriste et polémiste George Carlin qui ne comprenait pas comment on pouvait être fiers d’être né dans tel ou tel pays ou d’être né blanc. C’est un pur hasard, un accident. Par contre, être fier d’avoir accompli quelque chose sur cette Terre, soutenir une bonne cause, voter pour une loi qui change quelque chose, c’est différent. J’étais fier de mon pays lorsque nous avons élu Barack Obama, le premier président afro-américain, en 2008.

Propos recueillis par Thomas Destouches

Edward Sharpe and the Magnetic Zeros est à l’affiche de Rock en Seine sur la Grande Scène ce samedi 27 août à 20h45.