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Einleit : "Il faut parfois désapprendre la musique pour faire ressortir autre chose"

26 Août 2016
Einleit : "Il faut parfois désapprendre la musique pour faire ressortir autre chose"

Nulle atmosphère martiale chez Einleit, dont le nom inspiré d’un terme d’opéra a des accents faustiens mais des teintes sombres, ce projet de pop parisien en arbore assurément. Il est même question de « pop noire » pour caractériser les accents électroniques du groupe de Jun Suzuki, pourtant ce chemin qui pourrait mener vers les effets magistraux de Woodkid serait trompeur. C’est un univers en clair-obscur que dévoile Einleit sur deux admirables EPs qui se permettent de citer Foals tout en malaxant des claviers plaintifs. Le sublime titre Air marquait dès 2012 la naissance de ce nouvel avatar synth-pop de l’élégance à la française. Le long format, prévu pour 2017, devrait durablement lancer la mode.

Nous avons rencontré Einleit.

As-tu vécu Rock en Seine en tant que spectateur avant d’y jouer ?

Einleit : En fait, ça a été mon premier festival. J’y ai beaucoup de souvenirs. Ma première grosse claque, c’était Radiohead sur la grande scène.

L’aventure Einleit avait débuté à plusieurs et s’est depuis recentré sur un projet en solo. Cette évolution s’est faite de manière assez organique…

On a commencé en groupe il y a  ans avec Charlie et Gabriel. Depuis le début, je suis le seul auteur-compositeur. Mais  avec le 2ème EP (ndlr : Fire Walk With Me) j’ai commencé à composer tout seul chez moi, à produire des sons. C’est devenu un travail profondément solitaire, et les autres membres n’intervenaient finalement que pour le passage sur scène. Naturellement, cela s’est recentré sur le « solo » et c’est ainsi que l’on présente l’aventure avec la maison de disques, Sacré-Coeur Musique. Au début je composais en gardant en tête qu’il fallait une basse et une batterie. Désormais je suis plus libre de composer et s’il n’y a pas de batterie… et bien il n’y a pas de batterie ! Je suis beaucoup moins enfermé dans le carcan de composer pour un groupe. Et c’est intéressant. Mais les contours du groupe changent de toute façon. Charlie étant absent pour cette édition de Rock en Seine, il est remplacé par Théo, qui n’est pas à l’origine dans le groupe. Cela permet de tourner.

Tu définis ta musique aussi par la mélancolie et le cynisme. Si la mélancolie est un thème assez courant, il est assez rare de revendiquer le cynisme…

Ce cynisme se situe essentiellement au niveau des textes. Musicalement, je ne sais pas si on peut le traduire en fait. Personnellement, j’ai l’habitude de m’exprimer aussi avec cynisme, mais il n’est pas sombre, mais plutôt léger. Quant à la mélancolie, elle est n’est pas niaise.

Après deux EPs, tu travailles sur ton premier album, qui doit sortir en 2017. Où en es-tu ?

On a déjà fait une première session d’enregistrement. La seconde est prévue pour mi septembre. On prévoit ça en effet pour 2017. Il y aura une dizaine de titres. On est en train de les choisir parmi les 20 compositions pour que le disque soit cohérent. En même temps, j’ai composé tous les titres dans un même espace temps, il y a donc déjà une certaine cohérence au niveau des textes. C’est quelque chose qui me tient à cœur. Je présente quelques nouveaux titres pendant le concert de Rock en Seine justement.

Justement, après avoir présenté des morceaux pour la première fois à un public, est-ce qu’ils sont susceptibles de changer, en fonction de la réception, de ton ressenti… ?

Absolument ! C’est génial de pouvoir tester des morceaux sur scène. Et cela donne d’autres idées. On a aussi retravaillé des morceaux en vue de ce live. Il ne faut pas non plus sous-estimer le facteur « hasard », qui est hyper intéressant. J’adore jouer avec ça, et cela fait partie intégrante de la composition. Il faut parfois désapprendre la musique pour faire ressortir autre chose.

Propos recueillis par Thomas Destouches le 26 août 2016