Connaissez-vous l'histoire du domaine national de St Cloud, l’historique scène de Rock en Seine ?
Saviez-vous que la pelouse que vous vous apprêtez à fouler pour la 17ème édition de Rock en Seine avait accueilli des rois, des empereurs et même Louis de Funès ?
Le festival Rock en Seine ne pouvait avoir lieu qu’au Domaine de Saint Cloud. Non, ce n’est pas une affirmation gratuite et tirée par les cheveux. C’est l’histoire qui nous le dit…
La grande histoire
L’histoire du domaine de St Cloud débute « vraiment » à la fin du 16ème siècle lorsque Catherine de Médicis offre à la famille florentine des Gondi une demeure sur ce terrain vallonné, niché entre Paris et Versailles. Ils y font alors bâtir une enceinte avec une vue imprenable sur la Seine. La première mouture d’un château témoin d’une histoire mouvementée… et parfois un peu sanglante tout de même. C’est en effet entre ces murs que, quelques années plus tard, le roi Henri III est assassiné. La monarchie ayant horreur du vide, c’est aussi là que son cousin, le futur Henri IV, est désigné roi.
[Avance Rapide]
En 1658, Louis XIV achète la propriété pour son frère, le dénommé « Monsieur ». Une manière pour le Roi Soleil de gâter son frangin mais aussi de mettre un peu de distance avec ce fêtard invétéré. Pour donner un peu de lustre à ce nouvel habitat, des travaux d’agrandissement sont entrepris et les jardins sont réaménagés par Le Nôtre, aussi à l’œuvre à Versailles. Le Domaine de St Cloud devient alors le théâtre de fêtes somptueuses.
Quelques années à peine avant la révolution, Louis XVI offre ce même château à sa chère Marie-Antoinette qui, sans surprise, choisit à son tour de l’agrandir. La Reine n’a pas le loisir d’en profiter très longtemps avant de perdre la tête… mais les riverains de l’époque se souviennent sûrement des fêtes grandioses et autres réceptions allumées organisées par la noctambule.
[Pause]
Monsieur et Marie-Antoinette, grands jouisseurs devant l’éternel, ont fait de St Cloud le décor de fêtes monumentales, traversées de notes et de lumières. Festivaliers de Rock en Seine, cela vous rappelle forcément quelque chose…
[Press Play]
La grande histoire du château de St Cloud ne s’arrête pas (encore) là. Mieux : après avoir vu défiler des rois, il passe à la vitesse supérieure en matière de têtes couronnées. C’est là que Napoléon 1er est proclamé empereur. Adepte des remakes, son neveu Napoléon III le deviendra à son tour dans le même décor.
Un théâtre historique qui ne survit pas au bombardement du 13 octobre 1870 pendant le siège de Paris. Le château est alors laissé en ruines. Il aurait pu renaître de ses cendres mais en 1892 il est définitivement démantelé, trop marqué justement par son passé royal et impérial. Mais s’il n’existe plus aujourd’hui à Saint-Cloud que l’écrin qui l’entourait (comme par exemple les « Cascades », qui donnent leur nom à une des scènes de Rock en Seine) se trouvent ici ou là dans le monde : le fronton de l’aile droite est aujourd’hui à Euxinograd en Bulgarie, son pendant gauche au château de Jeurre dans l’Essonne, les bas-reliefs chez le roi des Belges et la grille d’honneur à Ajaccio…
[Avance très rapide]
Un siècle plus tard, en 1994 très précisément, le domaine de St Cloud est classé monument historique.
[Avance un peu moins rapide]
Un siècle, quelques années, jours, heures et minutes plus tard, il devient le lieu fondateur de Rock en Seine.
Les petites histoires
Avec ses 460 hectares de jardin, le domaine de St Cloud…
• A servi de décor pour une scène du Grand Restaurant avec Louis de Funès.
• a été le lieu de la rencontre au sommet entre Gérard Depardieu et Joey Starr dans l’[in]oubliable film Miserere.
• apparaît dans le clip de Young Thug « Power ».
• A accueilli la première édition de la fête de l’Humanité en 1921.
• A vu passer Uma Thurman (Vatel), Richard Gere (publicité) et Sinead O’Connor pour son clip Nothing compares to you
Rock in St Cloud
C’est en 2003 que le Domaine accueille un tout nouveau festival : Rock en Seine. Pour sa première édition, la manifestation se déroule sur une seule journée mais accueille déjà des gros noms : Massive Attack, PJ Harvey et Beck sont en effet de la partie. Et ils ne sont pas les seuls puisque 22 000 festivaliers se joignent à eux. 16 ans plus tard, le festival est toujours là, multipliant scènes, invités et concerts, faisant ainsi perdurer la tradition festive du lieu.
Thomas Destouches