C’est en matière de hip-hop que ce Parisien d’une vingtaine d’années a gagné ses titres de noblesse.
Passionné de littérature, il a choisi son pseudo en référence à Vendredi ou la vie sauvage : dans ce roman de l’écrivain français Michel Tournier, le héros nomme son île Speranza pour garder espoir. Ce Lord autoproclamé signe ses premiers textes alors qu’il n’est qu’au collège – son amour du hip-hop ne date pas d’hier. Repéré grâce à ses vidéos sur YouTube, il a aujourd’hui plusieurs EP sous le coude et un album solo, Polaroïd, sorti en octobre dernier, où il s’entoure de quelques amis de passage (dont Roméo Elvis) pour frotter son flow puissant à d’autres artistes qui le touchent. Mention spéciale à Sol d’étoiles, en featuring avec Anaïka, où les étoiles du titre reflètent son statut de future star.
Lord Esperanza : « C’est la folie en ce moment, mais je reste dans le contrôle grâce à mon entourage. Je suis là grâce à eux et je reste qui je suis grâce à eux. C’est simple mais bien réel. Dans mon prochain projet, je dis « pour moi le bonheur, c’est une succession de moments un peu moins triste ». Et le succès c’est ça : c’est cool, mais aussi très déstabilisant. En tout cas cela nourrit beaucoup mon inspiration. Mais tu sais, je ne vis pas encore un truc démentiel au point que j’en souffre. Certains fans sont parfois très, comment dire, courageux… Mais je ne m’en plains pas ! Enchaîner les interviews comme je fais là, d’une part, c’est bon signe, mais c’est aussi grâce à vous qu’on arrive à nos fins, à partager notre musique ».
Lord Esperanza : « J’ai rêvé de faire la Cigale, et bim, on annonce une Cigale pour le 8 mars. Je rêve de faire Bercy, et je veux y arriver. Je crois beaucoup à cette loi de l’attraction. Je pense que, si c’est dans le respect et en toute humilité, c’est sain de penser ainsi. Jim Carrey, à ses débuts, s’est signé à lui-même un chèque de dix millions de dollars en se jurant de pouvoir se l’encaisser trois ans plus tard. Il a réussi. Et moi, je veux cocher la case Coachella désormais ! »
Lord Esperanza : « L’inspiration est une science inexacte. Et cela peut faire peur, quand tu es devant ta feuille et que tu n’as rien à dire. Je me suis lancé dans mon rêve d’enfant il y a trois ans, et je veut vivre ce métier à fond. Je suis heureux d’être à Rock en Seine, mais la question est « dans trois ans, je suis où ? ». Je mets donc de l’argent de côté, je m’investis dans mon label, je découvre de nouveaux artistes. Je veux pérenniser cette chance. J’emploie le mot de métier, mais ce n’est évidemment pas un job comme un autre. La routine est là, inévitablement. Tu prends un train, ou la voiture, tu te rends à une salle de concert, puis une autre. Mais chaque concert est différent, chaque interview est différente. Un métier, oui, c’est un métier. Mais regarde mon tourneur : on a fait quinze heures de route et mille kilomètre en deux jours, et demain, lundi, 9h, il doit être au bureau. Moi je peux dormir. Même si je ne le ferais pas ».
Lord Esperanza : « On me demande souvent mon morceau préféré de Lord Esperanza, et je réponds toujours que je ne l’ai pas encore écrit. La chanson parfaite n’existe pas, la sensibilité parfaite n’existe pas non plus. Je vois ma musique comme un vecteur, de partager. Pour parler d’écologie, de politique, de la vie. Un artiste engagé, c’est un pléonasme ».
Propos recueillis par Nico Prat