Ces deux cousins venus d’Angleterre ont été l’une des plus impressionnantes révélations scéniques de 2017.
Impossible de ne pas inviter leur electro ensorcelante à se joindre à l’affiche de Rock en Seine. Héritiers d’Alt-J, The XX ou Radiohead, Mike Sharp et Joel Roberts ont réussi à façonner une musique tour à tour délicate et rêche, sensuelle et ténébreuse, minimaliste et troublante.
On recommande vivement d’écouter leur premier album, Binary Childhood, sorti en avril dernier, qui figurera probablement très haut dans les classements de fin d’année. Contrairement à certains de leurs pairs qui, en concert, se contentent de reproduire leurs albums, les deux Anglais d’Otzeki ne restent pas cloîtrés dans leurs laboratoires : ils subjuguent autant en studio qu’en live, où leurs chansons habitées prennent corps.
Ils étaient à Rock en Seine, ils seront prochainement de retour en concert à Paris, le 5 décembre à la Maroquinerie, et ils sont en interview ici-même.
Otzeki : “En ce moment, on a le sentiment de surfer sur une vague immense, mais ça va, on tient sur la planche. On aime rencontrer des gens, et on aime les interviews car cela te permet de comprendre où tu en es dans ta carrière. Sinon tu peux aussi prendre ça à la légère, mais nous ne faisons pas ça. Parfois, en tournée, tu es quasiment forcé de te comporter de façon immature, et c’est à toi de lutter, de prendre conscience que ce que nous vivons en ce moment est épuisant et enivrant, et donc c’est à toi, au final, de faire les bons choix. Bon, après, on ne fait pas encore la couverture de dix magazines chaque mois non plus, on a encore le contrôle, on est en charge du business, de nos concerts, de notre santé, de la famille qui est loin, tout en restant malin et sain d’esprit. Pas toujours simple, vraiment”.
Vous écoutiez quoi adolescents ?
Otzeki : “On écoutait surtout du Sum 41 quand on était adolescents, et un peu Blink 182”.
Et vous rêviez d’être des pop stars ?
Otzeki : “Pas vraiment. Nous vivons aujourd’hui le même rêve que nous rêvions quand nous étions gosses, avec évidemment quelques différences, comme les heures que tu passes dans le van. En fait, on n’a jamais vraiment fantasmé cette vie, en jouant de la guitare invisible devant notre miroir par exemple. On a tout de suite joué de nos instruments, très mal, avant de finir par jouer un petit peu mieux chaque jour. Nos premières chansons étaient très très simples car au début nous ne savions pas qu’il y avait un processus derrière toute chose : composition, enregistrement, etc… Mais jamais, absolument jamais nous n’avons rêvé d’être des rock stars, et d’être populaires. Si tu commences à réfléchir ainsi, tu es foutu, tout simplement. Car tout le monde veut l’être, de toute façon, et au final, personne ne l’est, c’est aussi simple que ça”.
Vous vous souvenez de votre toute première composition ?
Otzeki : “On s’en souvient. Et bien évidemment, ce n’était pas une super chanson. Mais on s’est amélioré. On a surtout appris à prendre notre temps, on a appris qu’une chanson pouvait se révéler après plusieurs jours, plusieurs semaines, et qu’il ne fallait pas nécessairement tout mettre à la poubelle à la première difficulté. Parfois, on ne réalise qu’une chanson est bonne qu’après l’avoir enregistrée. Nous avons beaucoup de choses de côtés, principalement des bouts de sons, certains datent d’il y a sept ans, et j’en ai ressorti certains au moment d’enregistrer l’album. Certains sont font penser à Philip Glass, d’autres à Joni Mitchell”.
La tournée se passe bien ?
Otzeki : “On se balade en train, avec peu de matériel, donc on a la chance de ne pas être enfermé de longues heures sur la route. Mais nous sommes matures, donc on sait respecter l’espace de l’autre, ne pas se marcher sur les pieds, s’isoler quand on en a besoin. Il faut bien se connaître pour cela. Et il faut donc se respecter”.
Propos recueillis par Nico Prat
En concert le 5 décembre à la Maroquinerie (Paris)