La première chose qu’on dit d’UTO, c’est que c’est un couple à la ville comme à la scène. Mais il suffit de les voir sur scène, justement, pour comprendre que leur alchimie comme leur complémentarité ne se réduit pas à ça. Tout aussi étrange qu’envoûtant, le duo formé Neysa Mae Barnett et Emile Larroche est inclassable… Même quand on essaie de les enfermer dans une catégorie !
Pourquoi chanter en anglais ?
Neysa : Je suis franco-britannique mais j’ai fait des études de littérature française pendant sept ans. J’avais besoin d’un break avec cette langue, c’est pour ça que je me suis tournée vers ma langue paternelle. Maintenant que le français n’est plus associé aux essais et aux pré-thèses, je renoue artistiquement avec cette langue. Je ne veux pas avoir à choisir entre ces deux langues et d’ailleurs, je ne veux pas mélanger les langues au sein d’un même morceau. Globalement, j’essaie d’avoir le même style en français qu’en anglais.
Emile : Quand t’écris en français, il y a un jeu entre les sonorités, tu joues avec les mots.
Pourquoi on écrit dans une langue plutôt qu’une autre ?
Emile : C’est une question qu’on s’est posée et pour laquelle on a pas la réponse.
Neysa : En tout cas, quand j’ai un doute sur le choix de la langue, je n’écris rien. Je ne sais pas à quoi tient la clarté. Aux instrus ? À la nationalité de mon interlocuteur ? J’aime bien garder des secrets, de ne pas savoir, c’est un moteur pour moi.
Dans votre travail, tout est hyper abouti… Vous gardez l’œil sur tout ?
Neysa : Pas du tout ! Nous on touche pas aux clips par exemple, on laisse carte blanche aux réalisateurs. Parfois on a des idées mais ce n’est pas notre boulot, on préfère leur faire confiance ! On a pas forcément envie d’investir l’image.
Emile : On travaille beaucoup en expérimentant, c’est très rare qu’on sache dès le début. Avec l’image, comme on maîtrise moins, on ne peut pas expérimenter comme avec la musique. Alors on trouve des gens !
Chaque morceau est une expérience individuelle, il n’y en a pas un qui ressemble à l’autre mais à un moment il faut sortir un EP. Comment on choisit et on lisse ?
Emile : C’est super dur pour nous, on a pas de fil rouge, on a pas le recul pour avoir une vue d’ensemble.
Neysa : C’est un joli fantasme.
Emile : On est sans cesse en train d’expérimenter, de poser des petits bouts de Lego et à la fin, par hasard, il y a un disque.
Alors je ne peux pas vous demander quel genre genre de musique vous faites…
Emile : Impossible !
Neysa : C’est disruptif et c’est ça qu’on aime
Emile : Quand je te dis que c’est impossible, ce n’est pas par manque d’humilité. Le point de départ, c’est toujours une inspiration : une image, la musique des autres, notre propre background.
Neysa : On a un fantasme d’homogénéité.
Emile : On se lasse trop vite, donc dès le morceau suivant, il faut qu’on fasse autre chose.
Propos recueillis par Sarah Koskievic
Photos : Victor Picon