Contrairement à ce que laissait entendre le titre de leur premier tube, Wasting My Young Years, ces trois Londoniens n’ont rien gâché de leur jeunesse : depuis leurs débuts en 2013, ils ont créé des chansons mémorables qui œuvrent dans les eaux de la dream-pop, de l’electronica, de la pop orchestrale et du trip hop.
Mais revenons encore quelques années en arrière. Pour eux, tout commence réellement en 2009. La chanteuse Hannah Reid et le guitariste Dan Rothman se rencontrent à l’université de Nottingham. Ils sont en première année, et le contact est aisé, presque trop facile : Dan voit passer sur Facebook une photo de Hannah, une guitare à la main. Il ne lui en fallait pas plus pour se dire que tiens, peut-être que cette jeune femme serait intéressée par la formation d’un groupe. Il décide de la contacter afin qu’ils collaborent. Quelques mois plus tard, c’est Dominic « Dot » Major qui rejoint la formation, encore sans nom. Normal : il sait tout jouer (claviers, percussions…). Le trio est donc formé. L’étape suivante, l’étape logique, est de faire la tournée des bars, de jouer sans cesse, de perfectionner son Art. Le 12 décembre 2012, le groupe sort son premier single Hey Now sur YouTube.
Très vite, les choses s’emballent. D’ailleurs, en février 2013 sort leur premier EP, composé de quatre titres (parmi lesquels donc Wasting My Young Years), puis, en septembre de cette même année, c’est l’heure du premier album (sur lequel on trouve les tubes Strong et Nightcall, reprise du titre de Kavinsky). L’accueil est excellent, les ventes aussi : 150 000 exemplaires écoulés en France, et 400 000 au Royaume-Uni. Pourtant, Hannah Reid en a conscience, la route est encore longue. L’année dernière, elle s’exprimait ainsi au micro de Pure Charts : “je pense qu’il y a une tendance aujourd’hui dans la musique de faire un premier gros album et de disparaître ensuite. J’ai senti qu’on ne faisait pas les choses de la bonne façon et que l’on risquait de disparaître”.
Alors les choses vont changer, et surtout, le trio va prendre son temps. En 2017 sort un deuxième album, puis, en 2021, leur troisième, Californian Soil. Un disque décalé d’un an, pour cause de pandémie, mais aussi un disque qui marque une rupture par rapport aux deux précédents : Hannah Reid, jusqu’à présente discrète, prend les reines et assume une position de leader qui lui sied à la perfection. Elle s’en explique chez 20 Minutes : “Je voulais essayer, faire quelque chose de différent. En tant que groupe, on a tendance à trop se soucier de ce que les autres pensent et être amenés à faire trop de compromis avec les personnes avec qui on travaille ou même entre nous. J’ai dit aux garçons que les groupes avaient généralement un leader et qu’on était peut-être trop « démocratiques » : essayons simplement de voir comment ça fonctionnerait pour nous [si je me présentais en leader], si les gens nous respectent davantage. Jusqu’à présent, ça a l’air de marcher”.
Oui, cela fonctionne. D’une part parce que le disque fut salué par la critique, mais aussi plébiscité par le public, se classant numéro un des charts en Angleterre. Surtout, London Grammar est arrivé, enfin, à maturité. La voix de contralto d’Hannah Reid, aussi à l’aise dans la voltige émotionnelle que dans une retenue élégante, prend toujours plus d’ampleur à mesure que cette jeune femme sensible prend confiance en elle. Un disque plus dynamique, mais qui jamais ne renie le passé. Les envolées lyriques d’Hannah Reid sont toujours là, cela va de soi.
London Grammar sera à l’affiche de l’édition 2022 de Rock en Seine. London Grammar et Paris, et la France, c’est une histoire d’amour qui remonte à leurs débuts. Hannah Reid ne s’en est jamais caché, “La France est, avec l’Australie, le territoire qui a fait de notre carrière ce qu’elle est. Pour notre premier album, on a peut-être passé la moitié de notre temps en France. On y revient toujours”. Il y a quelques mois, le groupe avait même repris un titre de Christine & The Queens. Oui, c’est une histoire d’amour. Elle se poursuivra cet été, à Rock en Seine.