
C’est peut-être le secret le mieux gardé de la scène underground parisienne : Alvilda, ses mélodies du bonheur, sa power-pop de chipies, ses harmonies vocales qui donnent la pêche en un simple riff, ses rythmiques qui font hocher la tête sans qu’on s’en rende compte.
Parce que ce quatuor est entièrement féminin et qu’il affiche ses influences sans chichis, il appelle aux comparaisons avec les regrettées Calamités et par extension avec les girl-group des Sixties et les pionnières du punk. Signées chez le label anglais Static Shock Records, ces quatre amazones ont sorti leur premier album, C’est déjà l’heure, durant l’automne 2024 et depuis leur fan-club s’élargit à vue d’œil. Leur première participation à Rock en Seine devrait, comme tous leurs autres concerts, leur ajouter encore plus d’un·e converti·e.
Rencontre avec Mélanie, guitare lead et chœur, et Eva, bassiste et chœur également.
Eva : La première compo du groupe s’appelait “Négatif”, et elle parlait d’être en négatif dans son compte en banque (rires). Au début, on était trois dans le groupe. Et le morceau était vraiment simple, naïf même. On s’est vite rendu compte avec ce titre qu’on voulait une autre guitare pour donner davantage d’ampleur à notre son, et c’est là que Mélanie est arrivée dans le projet. Au final, c’est avec cette chanson qu’on a compris ce qu’on voulait faire, qu’on a compris ce que serait notre style.
Mélanie : J’adore ce morceau, et les gens l’adorent aussi. Nous, c’était notre première composition, donc depuis, on sait qu’on a fait beaucoup mieux. Mais le public revient toujours à “Négatif”, ils le chantent à tue-tête. Quelque part, ce titre, c’est vraiment l’empreinte du groupe.
Eva : Et je pense qu’on n’arrêtera jamais de le jouer.
Mélanie : Exactement. Et quand je doute, je repense au fait que les gens adorent cette chanson, et cela me fait du bien.
Vous parlez d’un titre simple, mais la frontière peut être floue entre simple et simpliste.
Eva : La frontière est d’autant plus fine quand tu chantes en français. Le côté simpliste, en anglais, ça passe tout seul, mais en français, ça ne pardonne vraiment pas. Il faut que les textes soient bien trouvés, mais on ne veut pas qu’ils soient non plus trop recherchés. Je ne dis pas que le rock ne doit pas avoir des paroles poétiques, mais nous voulons que nos textes soient aussi directs que notre musique.
Mélanie : C’est aussi ça selon moi l’essence de la power pop. C’est le génie de la simplicité. Ce n’est pas parce que c’est simple que c’est intéressant, mais si c’est intéressant alors que c’est simple, alors moi c’est ce qui me touche le plus dans la musique.
Une chanson simple, ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple à écrire, contrairement à ce qu’on pourrait penser.
Eva : Absolument. Je tiens quand même à préciser que c’est Nina, notre chanteuse, qui écrit la plupart des chansons, elle n’est pas avec nous ce soir, mais je tiens à le signaler. Et je pense pouvoir dire que c’est aussi ce qui plaît dans nos titres, c’est cette sincérité, le fait que ce soit spontané, que ça vienne du cœur. Tant mieux si nos chansons plaisent, mais le but premier c’est vraiment qu’on écrive des chansons qui nous font du bien à nous.
Mélanie : Après, c’est spontané, mais c’est du travail. Personnellement, je travaille ma musique, je vais écouter des sons, des guitaristes intéressants, du rock anglais, des albums dans leur intégralité, pour trouver des idées de son, de technique, je me renseigne sur les pédales, les amplis. Cela va nourrir les compositions.
Eva : Et en même temps, la créativité, quand ça ne veut pas, tu dois aussi lâcher l’affaire. Il faut aussi savoir attendre, savoir s’ennuyer.
Vous avez une direction artistique très forte, mais parfois, avez-vous l’envie d’en dévier.
Mélanie : Personnellement, je trouve cela très satisfaisant. Moi qui ne compose pas, par conséquent, je sais ce que j’ai à faire.
Eva : Cela peut aussi être la cacophonie dans un groupe, si tout le monde part dans tous les sens. Dans un groupe, il faut prendre des décisions, sinon c’est le chaos.
J’imagine que vous avez des goûts en commun, mais sur quels artistes n’êtes-vous absolument pas d’accord ?
Eva : (rires) C’est une excellente question. Tu connais le groupe The Records, groupe anglais de power pop de la fin des années 70 ? On adore toutes ce groupe. Tu dois écouter leur single “Starry Eyes”.
Mélanie : Quant aux divergences… Énormément de choses.
Eva : Metallica (rires).
Mélanie : C’est aussi ce qui fait la richesse des groupes. Les divergences.
Propos recueillis par Nico Prat.
ALVILDA en concert à Rock en Seine le dimanche 24 août 2025.