En plus d’être l’un des grands manitous de l’electro française au sein du groupe Black Strobe, qu’il a co-fondé avec Ivan Smagghe en 1997, Arnaud Rebotini s’illustre aussi sous son propre nom.
Son album solo Music Components, entièrement conçu avec des outils analogiques (boîtes à rythme, synthés…), reste l’un des moments-clés de sa carrière à rallonges. Plus récemment, on l’a croisé aux côtés de Christian Zanési pour un album à quatre mains intitulé Frontières, mais aussi derrière la bande originale de 120 battements par minute, le film bouleversant de Robin Campillo, récompensé à Cannes cette année. Remixeur, producteur, musicien, DJ, compositeur de musiques de films… : le Nancéen a plus d’une corde à son arc.
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« Certains musiciens ne finissent jamais les morceaux. J’ai été comme ça, plus maintenant. Sortir un titre, c’est une perte, on abandonne notre objet de jouissance. Un objet éphémère, car parfois, tu préfères la première version, mais tu joues une autre version, puis une autre, et finalement, tu ne parviens jamais à retrouver la première version, car tu t’es perdu. Mais pour moi, l’album fini devient un autre objet de jouissance. J’aime l’écouter fini. Un sujet de souffrance devient un petit bonheur en soi, surtout s’il trouve un écho chez les gens. Je peux réécouter mes titres en promo, mais après, plus jamais ».
L’ego, dans ce métier, c’est important ?
« On cherche de l’amour, on est un peu prétentieux, et ce serait mentir que de dire le contraire. Je ne sais pas si c’est nécessaire, mais on a quelque chose à dire et on se permet de le dire aux gens. Sur scène, je ne me sens pas comme une rock star, mais c’est un état particulier. C’est énormément de concentration, et en même temps, c’est à la fois de la séduction et un combat. Une chanson, c’est aussi un rôle ».
Tu penses au live dès l’écriture ?
« Oui. Surtout avec la musique électronique, tu peux vite faire n’importe quoi, tourner en rond, et livrer quelque chose de totalement injouable sur scène. Je veux vraiment jouer en live, donc si je sens qu’un titre a trop de pistes, je vais le réarranger, et faire moins. J’ai même des titres qui passent d’un projet à un autre, de moi en solo à Black Strobe. Je sais de moins en moins pour quel projet je compose quand je commence à composer ».
Un mauvais concert, c’est la faute du public, ou la tienne ?
« Les deux arrivent. Ce n’est la faute de personne en fait, mais parfois tu joues trop tôt, le public n’est pas prêt. Les concerts en plein jour par exemple, c’est très très compliqué ».
Propos recueillis par Nico Prat