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Attaque 77 : "On a grandi face au public"

01 Oct 2018
Attaque 77 : "On a grandi face au public"

Rares en Europe, ces vétérans argentins n’ont jamais caché leur goût pour le punk vintage – ce n’est pas un hasard si leur nom fait référence à 1977, une année essentielle dans l’histoire du mouvement punk.

Ces fans des Ramones (dont ils ont assuré la première partie en 1996), Sex Pistols, The Clash, Stiff Little Fingers et autres Buzzcocks adaptent les thématiques engagées de leurs idoles à leur propre quotidien à Buenos Aires. Formé en 1987, le groupe sort son premier album deux ans plus tard, chanté en espagnol. En plus de trente ans de carrière, le casting a quelque peu évolué : devenu un trio, Attaque 77 a derrière lui une bonne dizaine d’albums dont l’énergie indomptable n’en finit pas de surprendre.

Comment on ressent la scène après une carrière aussi longue et plus de dix albums ?

Les sentiments restent les mêmes : l’émotion, l’adrénaline. Ce qu’on aime le plus dans la vie, c’est jouer en live, donc à chaque fois qu’on monte sur scènes, ces sentiments remontent et c’est la meilleure chose qu’il puisse nous arriver dans la vie. En Amérique du Sud, il nous est arrivé de jouer devant des milliers de personnes, nous avons énormément de fans. Ce n’est pas la même chose que de jouer en face des centaines de personnes qui connaissent moins votre travail. C’est comme recommencer une carrière depuis le début. Les deux sont très différents mais plaisants.

Vous ressentez encore le stress ?

Evidemment ! Quand on joue en Argentine ou en Colombie, on essaie de recréer le stress. Ce n’est pas parce des milliers de gens ont acheté un billet pour nous voir qu’il les faut négliger, il faut avoir le même niveau d’exigence et ne pas croire que le public est acquis.. Le stress fait partie intégrante de la scène.

Comment est la vie de rockeur quand on passe 40 ans ?

Je suis venu avec ma femme et mes enfants. La vie est différente, forcément. Il y a 20 ans, après les concerts, je faisais autre chose que parler avec mes gosses ! J’ai 45 ans maintenant mais on aime le rock comme au premier jour, on a envie d’aller au fond de cette passion. On a commencé quand on avait 15 ans et l’envie est toujours aussi forte 30 ans plus tard. On a grandi et évolué face au public, on a presque appris à jouer devant lui ! C’est pour ça qu’on a choisi le punk, parce qu’on pouvait faire des erreurs et ça passait. Il a fallu bien s’entourer et même acheter de bons instruments parce qu’on a commencé avec de la merde. Une carrière se construit petit à petit, chaque chose en son temps.

Comment est perçu le punk en Argentine ?

Il a fallu intéresser les gens à ce genre et le punk a bien pris. Etonnement, ça dure toujours et ça me choque à chaque fois qu’on fait salle comble. Il y a même des groupes allemands qui viennent jouer en Argentine. Entre nous, je n’y croyais pas vraiment, au début. On avait l’habitude vivre au jour le jour, sans vraiment planifier la suite. On ne voyait pas plus loin qu’au-là de trois mois. Ces trois mois ce sont transformés en années. J’ai tout même fait des études d’astronomie, de cuisine en parallèle au cas où ça ne marcherait pas. Un plan B, quoi. Il faut s’y préparer.

Quand on pense à l’Amérique du sud, on pense plutôt au reggaetton, à la musique latine commerciale…

Nous on aime le rock, le public est très exigent et plutôt fou. Si les Rolling Stones viennent jouer dans un stade, il serait complet en deux minutes. En réalité, on déteste toutes ces merdes commerciales !

On fait quoi quand on a tant écrit ?

C’est vrai qu’on tourne tellement qu’on a pas le temps d’écrire mais parfois, on a un mois tranquille et s’y remet. Mais nous sommes un peu feignants ces temps-ci. On pourrait croire qu’on a plus rien à dire mais hélas, l’Argentine est un vivier d’idées. Il y a tant de problèmes politiques, sociaux, qu’il y a de quoi faire.

Propos recueillis par Sarah Koskievic