Birdy Nam Nam n’est plus qu’un groupe de DJs talentueux, ils sont aussi patrons. Pour sortir leur nouvel album, Dance or Die (sortie le 16 septembre), le groupe a décidé de monter un label, une structure artisanale, pour s’émanciper et bénéficier d’une liberté qui semble payer. Explications.
A quel moment, quand on est artiste, on se dit « allez, je prends les choses en mains, je monte un label » ?
Lil’ Mike : Le besoin je pense qu’il est venu à des moments différents pour chacun d’entre nous, mais c’est devenu une évidence pour nous tous après l’exploitation de l’album précédent (Defiant Order, publié en 2011 – Ndr). On ne s’entendait plus avec les gens du précédent label, on se sentait mésestimés. On a eu la sensation que nos envies, notre énergie et nos visions étaient suffisamment pertinentes pour qu’on décide de tout nous-mêmes. A un moment donné, donner de la force a une entité qui n’est pas la votre et qui en plus a l’impression que tout ça n’existe que par leur bon vouloir ou leur savoir-faire. Et puis, on a eu la sensation d’avoir la maturité de faire tout ça.
Ce savoir-faire est simple à acquérir ?
Lil’ Mike : Il faut s’intéresser aux choses. Et puis quand tu te fais douiller une fois, tu n’as pas envie de te faire douiller deux fois quoi ! Tu te rends compte de tes erreurs, de ton manque de concentration, d’à quel moment tes faiblesses ont été exploitées contre toi… Tes points forts, tes faiblesses… Et puis tu t’entoures de gens qui ont envie de travailler ensemble, qui ont les mêmes espoirs et les mêmes envies.
Il y a eu des grosses difficultés ?
Lil’ Mike : Non pas de grosses difficultés. De la logistique. Il faut s’occuper des visuels, il faut avoir des idées pour les pochettes, il faut trouver les personnes qui vont s’occuper de ta promo, etc… Et puis chose difficile humainement, c’est se séparer de gens qui travaillent avec toi, avec qui ça marche pas. Mais la force de faire tout ça vient du public et tant que le public est encore là, on assure.
Est-ce que du coup les différentes tâches ont une influence sur les autres ?
Lil’ Mike : Tu as obligatoirement une vision globale des choses. Le principal ça reste la musique. Mais la communication c’est aussi important, les vidéos, l’image que tu renvoies aux gens, etc… Toutes ces choses sont séparées mais s’imbriquent pour faire le succès du groupe.
On a un autre regard sur sa réussite ?
DJ Need : Non, mais ça tient au fait qu’on ne sait pas quel succès on a vraiment. On a un petit complexe d’infériorité, on est assez modestes. Mais la réussite on la voit parfois quand des gens, des fans qu’on croise nous font des compliments.
Crazy B : Avec la structure, on a supprimé des intermédiaires donc on se rend compte plus directement de tout.
DJ Need : Et en faisant les choses nous mêmes, on se rend compte qu’il y a toujours des erreurs, des choses qu’on pouvait reprocher à l’ancien label et qu’on fait aussi. Il y a des accidents quoi. On comprend mieux ce qui a pu se passer.
Vous vous inspirez d’autres labels pour travailler ?
DJ Need : Non, tout est très artisanal. On est 5-6, il n’y a pas de grosse équipe à plein temps.
Lil’ Mike : On est une petite entreprise. On fait les choses avec le coeur et on espère que ça plaise.
Pour l’instant, pas de regrets ?
Crazy B : Non. Mais on avait vu des labels avant de se lancer mais ce qu’ils nous proposaient ne convenait pas. Donc on a décidé d’être libres. Et puis, pour le live on a une vraie équipe, une vraie famille. C’est ce qu’on aime construire.
Vous avez l’ambition de grandir ?
Crazy B : On aimerait oui. On veut faire des tournées dans le monde entier. Et puis on a fait des chansons, donc sortir des disques. Mais, avec la tournée qui a démarré, on est sur les bons rails.
Propos recueillis par Adrien Toffolet