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C'est quoi être un crew ? Réponse(s) avec Bagarre

23 Août 2019
C'est quoi être un crew ? Réponse(s) avec Bagarre

Gare à Bagarre ! Chez ces Parisiens, ensemble depuis 2015, le micro circule et les influences aussi : rock, rap, house, trap et punk se bastonnent gentiment sur leurs morceaux inclassables et fiers de l’être.

Leur premier album, Club 12345 (paru en 2018), reflète cet éclectisme futé. Collectif mixte (une fille et quatre garçons), Bagarre pratique aussi la démocratie. Pas de leader parmi ces cinq musiciens, pour permettre une liberté absolue, à laquelle s’ajoutent l’égalité et la fraternité. Le batteur peut devenir chanteur le temps d’un morceau, comme sur le single Kabylifornie, sorti en avril dernier, qui comporte ce refrain imparable : « J’kiffe le skate / J’kiffe le rock / J’kiffe le bled / Kiffez-moi ». C’était déjà le cas, avant même de recevoir cet ordre irrésistible.

C’est quoi être un crew ?

Master Clap : Nous on est un « quintouple ».

Emmaï Dee : C’est quand tu passes toute ta vie ensemble.

La Bête : C’est quand t’as envie de passer ta vie ensemble. C’est l’inverse de la famille : la famille t’es obligé parce qu’il y a un lien de sang. Nous on a choisi de le faire alors qu’on a pas de lien de sang.

Master Clap : On a le même futur, on regarde au même endroit.

Emmaï Dee : On regarde dans la même direction.

Et quand vous faites du son, vous regardez tous dans la même direction ?

Emmaï Dee : Non mais on essaie de s’accorder sur la direction à prendre.

Mus : Moi j’écoute du trash métal, eux ils écoutent de la merde.

Master Clap : C’est la qualité que ce que les autres membres amènent qui fait foi. On a plus aucun problème à se dire les choses « ça c’est chanmé » ou « passe à autre chose ». C’est ça notre force : être le plus sincère possible. On a une exigence qu’on a mis en commun en mettant l’égo de côté.

La Bête : Quand on parle de crew ou de clan, il y a deux côtés d’une pièce. D’un côté ça peut être cool mais ça peut aussi être tout l’inverse et tu peux te sentir emprisonné. Nous ce qu’on essaie de faire, c’est créer un cocoon où on peut s’extraire du monde quotidien et dire ce que l’on a envie. Et pouvoir aider celui qui en a besoin.

Emmaï Dee : On essaie de libérer la parole.

Il y a un truc thérapeutique…

Majnoun : Parfois il y a des bagarres que tu n’oses pas mener tout seul et être avec ton crew tu oses affronter tes démons.

La Bête : C’est une « safe place ».

Majnoun : Un mélange de thérapie et de cours de boxe.

Mais alors si l’un d’entre vous arrive avec une idée pour un son et que les autres ne sont pas d’accord, ça se joue comment ?

Master Clap : Quand un truc est bien, c’est bien. Quand c’est nul, c’est nul. Il y a rarement des divergences.

Emmaï Dee : Sinon on ne serait pas ensemble depuis le début.

Master Clap : On évite le nivellement par le bas.

La Bête : C’est pas les quiproquo qui font de bons morceaux

Master Clap : Si tu fais quelque chose de bien, t’as pas besoin de le vendre.

La Bête : Si les autres membres du groupe ne comprennent pas la démarche, c’est ce que t’as fait n’est pas si bien que ça.

Comment on est un bon membre d’un groupe ?

Emmaï Dee : En étant soi-même, en arrivant à se livrer. C’est pour ça qu’on parlait de « safe place ». Notre processus de création fait qu’on a besoin de se sentir bien ensemble pour pouvoir aller chercher en nous des choses. C’est donc arriver à dire ce dont tu as envie, ce dont tu n’as pas envie et s’écouter. Comme un groupe de parole !

Mus : La question ne se pose même pas. Les choses se sont fait tellement naturellement que c’était une évidence. Il se passe un truc humain et c’est comme ça. On va tous se chercher à se pousser le plus haut possible.

Comment on fait pour rentrer dans votre crew ?

Master Clap : Fallait être là ! Moi je dis toujours que le sixième membre c’est le public. Il suffit de venir et nous on accueille tout le monde et d’être toi et de pas faire chier les autres. Et ni se faire chier soi-même avec des contraintes qui n’ont pas lieu d’être. Nous on essaie de ne pas être assignés à ce que l’on était à la base.

Propos recueillis par Sarah Koskievic