D’un côté, l’Anglais David Shaw, musicien venu de Manchester, qu’on a déjà pu croiser avec Vitalic ou Blackstrobe. De l’autre, le Bordelais Dombrance, remarqué depuis des années sous son propre nom, pour ses remixes (notamment pour Superpoze et Is Tropical) ou dans le rôle du producteur.
En unissant leurs talents respectifs et en se retrouvant a Paris, ces deux garcons ont forme DBFC, leur projet commun et hors du commun.
Leur premier album, Jenks (sorti début juin), fait résonner les échos des Stone Roses, de Primal Scream ou encore de Hot Chip : comme ces références impeccables, le duo va piocher autant dans le rock et la pop que dans l’electro et la scène Madchester. Pour décrire cette explosion sonique, ils parlent de « psychotronica », entre rêveries psychédéliques et pulsations electronica.
David : « Ces derniers mois ont été plutôt intense ».
Vous êtes dans le contrôle malgré tout ?
Dombrance : « On essaye de contrôler, mais on se fait régulièrement dépasser par les évènements ».
David : « On essaye de contrôler au mieux ce qu’on souhaite transmettre, la musique, ce qu’on a à dire, et on a la chance d’être un couple qui fonctionne. On fait ce qu’on a à faire, on reste libre, c’est une valse entre nous. On apprend donc à se laisser porter par le moment. Le contrôle sera plutôt dans la structure des titres, dans l’edit. Mais sur le moment, c’est quelque chose de plutôt naturel ».
Vous avez appris à bosser ensemble ?
Dombrance : « La première fois qu’on a bossé ensemble, la première journée, on était en studio tous les deux, et on a compris tous les deux qu’il se passait un truc de dingue ».
Vous vous l’êtes dit ?
David : « J’ai éclaté de rire, un rire nerveux, et je lui ai demandé, « où étais-tu avant ? ».
Mais vous avez eu une carrière avant. C’était facile de perdre son identité solo et de se fondre dans un groupe ?
Dombrance : « On garde notre jardin secret en quelque sorte, on continue de bosser sur des projets personnels. C’est important, et c’est ce qui nous permet de ne pas nous poser de questions sur DBFC ».
David : « On a notre ego évidemment, on est deux personnalités fortes et très différentes. Et finalement, on ne réfléchit pas à ce que chacun fait. On le fait, c’est tout ».
Jamais de discorde, vraiment ?
Dombrance : « Il arrive que David me sorte des titres obscurs qui me laissent de marbre, tandis que moi, il ne goûte pas à certains de mes goûts mainstream. Mais ça s’arrête là. David fait parfois vriller nos titres, et parfois j’amène dans nos chansons un côté plus catchy, mais l’inverse est vrai aussi ».
Vous n’avez pas la tentation du tube facile, du truc un peu gras écrit à la va vite pour séduire bêtement les foules ?
Dombrance : « On se laisse guider par nos émotions. On fait beaucoup de jams, et à la fin, on a quelque chose qui naît. Et là, on reste sur un format pop song, ou on fait durer dix minutes. On n’a pas la trouille d’être efficace, pas plus que celle de faire des chansons bizarres, qui ne passeront pas en radio ».
David : « Et l’album le prouve ».
Dombrance : « Tu ne peux pas commencer ta journée en te disant que tu vas créer un tube. Si tu le fais, c’est mort. Prends le titre Leave My Room : il ne nous appartient plus, il a une résonance chez les gens. Il fonctionne ! On en est ravi ».
Et cette journée promo, ravi aussi ?
Dombrance : « Tu n’es pas obligé de nous croire, mais David et moi, on adore donner des interviews. Pas pour parler de nous, mais pour parler avec passion de ce qu’on fait. On a du plaisir à faire notre musique, à en parler, et on espère que cela se ressent ».
Propos recueillis par Nico Prat