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Décibelles, des meufs mais pas que

08 Sep 2019
Décibelles, des meufs mais pas que

Peu de groupes français ont eu l’honneur de partir enregistrer à Chicago, dans le studio de Steve Albini, sous la houlette de ce légendaire sorcier du rock (membre de Shellac, mais aussi producteur pour Nirvana, Pixies ou encore PJ Harvey).

Les trois Lyonnais de Décibelles ont eu cette chance. A l’origine, Fanny Bouland et Sabrina Duval, deux amies d’enfance qui jouent de la batterie et de la guitare, ont lancé en 2006 un groupe 100 % féminin mêlant noise pop et punk façon riot grrrl. Le bassiste Guillaume Carle s’est joint à elles pour former le trio qu’on connaît aujourd’hui. Les Décibelles ont déjà plusieurs albums à leur actif. Le dernier en date, celui que Steve Albini a produit, vient de sortir en avril et s’intitule Rock Français – un clin d’œil à leur parti pris de chanter cette fois en français du début à la fin.

Il paraît que vous détestez qu’on vous qualifie de groupe de rock féministe…

Guillaume : On est pas un groupe féministe dans le sens que c’est pas un genre musical mais oui, on a un message féministe. Ces thèmes font partie de nous et de ce que l’on est donc on en parle de notre musique.

Fanny : C’est être estampillée « féministe » qui me dérange plus. On est un groupe qui a ce message mais on a pas fait de la musique pour faire passer ce message.

Pourtant, la musique, c’est précisément fait pour faire passer des messages…

Sabrina : Oui, mais ça arrive après le fait d’être musiciennes. On fait aussi des morceaux sans message.

Quand on voit votre tracklisting, on peut se poser la question !

Fanny : Mais à la base, « on ne veut pas être considérés comme féministes », c’était juste une punchline ! On trouve ça réducteur par rapport au reste de notre travail. D’un coup, il y a que ça qui est important et surtout, à une époque, on était des féministes inconscientes parce que c’était pas forcément une démarche. On s’y retrouvait pas trop, à vrai dire, on s’est senties étiquettées.

Guillaume : On en parle maintenant et on en fait même des clips !

Mais c’est bien de faire de la musique féministe, ça influence les plus jeunes…

Guillaume : C’est notre rêve en tant qu’artistes d’influencer la génération prochaine.

Sabrina : Si une seule jeune fille dans notre public se reconnaît, alors nous on est contents.

Est-ce que le fait de désormais chanter en français change la donne ?

Fanny : C’est un cap à passer mais maintenant, c’est une responsabilité.

Sabrina : On ne peut plus dire de conneries, on doit assumer nos textes, alors si, forcément, on est plus responsables. Maintenant qu’on a passé ce cap, on reviendra plus en arrière.

Guillaume : L’anglais dans le rock, c’est bourré de codes qui sont difficiles pour nous non anglophones et maintenant qu’il s’agit de faire de la musique en français, ça nous pousse à trouver de nouveaux codes. C’est nouveau et vachement bien.

En dehors du féminisme, vos thèmes sont très modernes, comment on reste dans l’actualité ?

Fanny : On fait tout à l’arrache, on ne reste pas très longtemps en studio, on finit toujours in extremis.

Sabrina : C’est le problème, parfois on a pas assez de recul, on se dit que certains morceaux ne sont pas aboutis. Mais pour l’album « Rock Français », on est vraiment contents.

Guillaume : Ça permet aussi d’avancer et de faire mieux la fois suivante.

Propos recueillis par Sarah Koskievic