Pour un groupe de post-punk britannique dont les chansons, comme les albums, sont sombres et brutaux, Editors sont étonnamment tranquilles avant leur concert à Rock en Seine.
Lunettes noires vissées sur le nez, bouteilles d’eau plate à la main, Elliott Williams et Russell Leetch piaffent d’impatience à l’idée de rejouer au festival. Un dernier tour de piste avant de rentrer en studio et accoucher de leur sixième album.
Elliott Williams : Il fait super bon aujourd’hui. On m’a dit que les deux derniers jours, il faisait grave chaud. Ça m’aurait saoulé de jouer sous la chaleur.
Russell Leetch : Ça fait neuf ans qu’on est pas venu à Rock en Seine.
Elliott : En 2007 !
Russell : On a fait un break des festivals pendant un an et ça nous a fait du bien. Mais en été, jouer dans un festival, c’est mieux. Respirer de l’air frais. C’est vraiment un challenge de séduire le public des festivals car une majorité ne fait pas partie de ta fanbase et passe juste par là. À nous de les convaincre de rester.
Vous avez l’impression que vos fans ont changé ?
Russell : En tout cas, ils vont et viennent. Certains se sont partis au fil des albums et certains nous ont découvert sur le tard, avec les deux derniers albums. C’est ce qui nous donne l’envie de continuer à faire de la musique : persuader de nouvelles personnes.
Comment vous expliquer que des fans vous aient délaissé ?
Russell : On a changé notre direction musicale, à un certain moment, et les férus de rock n’ont pas du apprécier.
Elliott : En tant qu’auditeur, moi ça ne me dérange pas qu’un artiste que j’aime s’écarte un peu de ce qu’il fait d’habitude et qu’il y revienne. Tous les artistes ont besoin d’expérimenter de nouvelles choses. C’est ça qui est génial dans la musique : tu as des options, tu peux écouter ce qui se fait dans les autres groupes, t’en inspirer et expérimenter.
On doit donc attendre que votre prochain album soit encore dans une direction différente des précédents ?
Russell : On en sait rien du tout. On va se mettre à bosser en septembre.
Elliott : On ne peut même pas te donner un scoop parce que c’est impossible de savoir dans quelle direction on va aller. On va s’asseoir tous ensemble dans une pièce et réfléchir à ce que l’on a envie d’amener. Tom va commencer à écrire ses trucs de son côté et on verra après.
Vous allez jouer quoi à Rock en Seine ?
Russell : On va mélanger quelques nouvelles chansons et un mix de morceaux des cinq albums précédents. On essaie toujours de choisir les sons que les gens attendent.
Et celles que vous aimez vous ?
Elliott : Ce n’est jamais les mêmes !
Vous n’en avez pas marre que les gens vous comparent à Joy Division ?
Russell : Je ne crois vraiment pas qu’on fasse la même chose qu’eux. En tout cas, sur les deux derniers albums, ça n’était pas le cas.
Elliott : C’est pas la pire comparaison qu’on aurait pu entendre. Même si les gens tendent à faire le distinguo, c’est assez cool d’être comparés à eux, au fond.
Propos recueillis par Sarah Koskievic le 28 août 2016.
Editors sera sur la Grande Scène le dimanche 28 août à 16h05.