Les quatre garçons de FORM revendiquent sans embarras leurs influences – et ils ont bien raison. Sur leur page Facebook, ils affichent les noms de tous ceux qui ont nourri leur imaginaire musical : James Blake, Radiohead, Fink, Jungle, Jordan Rakei, Moderat…
Effectivement, c’est toute cette élite de la pop cérébrale qui ressurgit chez ce quatuor parisien. Dans un style musical aux frontières mouvantes, ils passent de l’electro à la soul et à la pop, menés par une voix solaire. Leur premier clip officiel, Do It Anyway, n’est sorti qu’en octobre dernier, mais ils font déjà preuve d’une grande maîtrise de leurs intentions. Fin mars, ils ont transformé l’essai avec Underwater, morceau aussi sibyllin qu’impressionnant.
Votre rencontre à l’air très simple et très compliquée à la fois.
Hausmane : Il a deux générations. Axel et moi sommes les petits frères de la bande d’Adrien et de Bastien. Adrien était la chanteur du groupe de rock de mon frère au collège et Bastien était de la même bande. Puis un lieu s’est ouvert à Pontois, quand j’avais 17 ans et du coup, on s’est rencontré là-bas. Il y avait plein d’artistes. Axel et moi, on avait un groupe d’hip-hop electronica, Bastien faisait du hip-hop expérimental, Adrien du hip-hop cosmique. Mine de rien, notre duo a commencé à faire du bruit dans le 95 jusqu’à l’EMB de Sannois. Le boss a envoyé des espions pour voir ce que l’on donnait et il a entendu du bien de nous, il nous a accompagné sur plusieurs tremplins et très vite il nous a proposé de faire un show complet pour faire la première partie de Fakear. Au départ, on était cinq mais sans Bastien. C’est à ce moment qu’on a eu envie de faire des trucs ensemble.
Comment on se met d’accord, avec toutes ces influences ?
Hausmane : Ça a été super long, moi j’appelle ça de la recherche. On a composé à quatre mais il a fallu trouver notre propre direction avec l’électro avec de la percussion.
Adrien : Le groupe est un savant mélange de plein d’influences. Il faut tout mettre ensemble pour trouver son propre son et créer une homogénéité.
Vos clips sont super léchés, esthétiquement superbes. Pourquoi cette implication ?
Hausmane : Très vite, on a voulu clipper Do It Anyway. On connait deux frères, Mehdi & Yanis Hamnane, qui font de la réal et on a immédiatement pensé à eux pour faire le clip : on adore leur boulot. On a écrit le clip ensemble et la boite de prod a donné aussi son opinion. Le problème, c’est qu’on ne voulait pas apparaitre dans le clip, on n’est pas acteurs, mais le clip est super scénarisé. On a commencé à voir des acteurs via des boites de casting. Et puis, on connait un mec qui bosse dans le ciné, pas vraiment acteur, mais on pensait tous que le rôle lui irait super bien. On a pourtant cherché dans les mecs plus pro mais on en revenait toujours à lui. Du coup, pour le deuxième clip, on a rappelé Arthur Jalta parce que l’album a un fil rouge et les clips doivent en avoir un aussi, du coup. Pour le clip d’Underwater, c’est les élèves de l’école EMIC qui voulaient faire leur projet de fin d’année. Ils avaient directement compris le sens de nos morceaux.
C’est important ces beaux clips ?
Hausmane : On a une musique qui s’applique pas mal à l’image, c’est un truc presque concept parce qu’on imagine toujours nos morceaux en image. On est pas là pour chanter en play-back sur un fond vert.
On dirait que vous ne bossez qu’avec des potes, c’est important ?
Hausmane : C’est un truc qu’on voulait au départ mais on en a rencontré quelqu’uns sur la route. Artistiquement, on est entouré de mecs super talentueux et on voulait ce côté famille. Quand on va tous dans la même direction, ça marche et c’est mortel. Nous on veut bosser de manière collective parce qu’on a des influences communes, aussi.
Propos recueillis par Sarah Koskievic