Franz Ferdinand, moments clés : "le succès est si grand qu'il prend tout le monde de vitesse"
Pour réviser un peu avant leur retour triomphal à Rock en Seine, voilà trois moments-clés dans la carrière de Franz Ferdinand, quatre Anglais dans le vent qui ont su rendre ses lettres de noblesse au mal-aimé terme « pop rock ».
« One for the money. Two for the show. Three to make ready. And four to go… » Demandez à Elvis, à Gene, à Chuck ou à Jerry Lee : en premier lieu, le rock a été inventé pour danser. Si des tas de musiciens l’ont un peu oublié en cours de route, à l’aube du nouveau millénaire, un groupe s’est chargé de le rappeler à la Terre entière : Franz Ferdinand.
La première partie, « Chouchous des rock critics en six mois », est à lire ICI.
« Take Me Out« , naissance d’un tube
Début 2004, le groupe s’envole pour Malmö, en Suède, pour enregistrer son premier album avec Tore Johansson. C’est Domino qui les envoie travailler avec le producteur qui a mis en boîte les albums des Cardigans, et ce depuis leur tout premier effort en 1996. Le Suédois avait déjà reçu les premières maquettes de FF au printemps 2003 et il est enthousiaste : « Les démos ont été enregistrées très simplement, dans des salles de répétition ou des cuisines, alors le son était cru, mais ça fonctionnait », se remémore-t-il pour Sound on Sound.
Séduit par l’énergie pure du jeune groupe et lassé des productions lisses pour Mel C ou Sophie Ellis-Bextor, il se trouve un défi à sa mesure : ne pas over-produire le disque. « Ils avaient déjà leurs chansons, ils savaient les jouer et ils avaient leur son », précise-t-il, alors que le processus avec d’autres groupes peut parfois être plus laborieux. Or, « plus la chanson bougeait, plus elle était facile à enregistrer », se rappelle-t-il. « Et la plupart semblaient déjà parfaites après la toute première prise ».
« Take Me Out » en est l’exemple parfait. De l’intro toutes guitares dehors, jusqu’au ralentissement de tempo qui s’ensuit, jusqu’au riff principal connu de tous : tout a été enregistré « live », Johansson n’ayant plus que des retouches à faire. « Sur « Take Me Out », j’ai mis un peu d’écho sur tous les instruments afin d’obtenir ce son de machine, industriel et martial. Cela reste organique, mais on voulait que ça sonne comme si ça sortait d’un grand atelier, de quelque chose comme ça », précise le producteur.
Et c’est réussi : le beat en contre-temps de la batterie, le son métallique des guitares, le pilonnage de la basse… La chanson sonne en effet comme si elle était jouée par les machines d’une usine de montage. Le clip aux influences dada et Monty Python en rajoute une couche : cette année-là, personne n’échappe au refrain entêtant de « Take Me Out ».
Son secret ? Une efficacité spontanée, un groupe au maximum de sa confiance et un enregistrement avec un minimum d’overdubs. Une pure gemme brute, à peine polie, qui propulsera un album par ailleurs riche en excellents titres (« Jacqueline », This Fire », « Auf Achse » ou « Michael », notre petit préféré) et deviendra disque d’or aux Etats-Unis à peine quelques mois après sa sortie.
Le succès est si grand qu’il prend tout le monde de vitesse : dans une interview à Hit Quarters, Tore Johansson explique :
« C’était de la musique vraiment fraîche, mais j’étais loin de m’imaginer que ça se transformerait en un tel succès. Je ne voyais pas particulièrement ça comme de la musique commerciale. D’ailleurs j’ai trouvé ça super cool quand les chansons ont commencé à être jouées à la radio, particulièrement aux USA. »
Théo Chapuis
Suite et fin de l’aventure demain.