George Fitzgerald : "Berlin est à la musique electro ce qu'Hollywood est aux actrices"
Parmi les multiples casquettes que George FitzGerald a enfilées depuis le début de sa carrière, toutes ont pour point commun la musique – il a été disquaire, DJ, producteur et enfin musicien.
Cet Anglais originaire du nord-ouest de Londres s’est exilé à Berlin en 2010, probablement aimanté par l’opulente scène electro de la capitale allemande. Après une ribambelle d’EP, il sort en 2015 son tout premier album d’electronica, Fading Love, en développant des morceaux intériorisés et mélancoliques. All That Must Be, son deuxième album qui vient de sortir en mars, prolonge ces beaux voyages intérieurs avec des invités tels que Tracey Thorn, Bonobo et Lil Silva. Aujourd’hui, George FitzGerald s’est réinstallé à Londres et il est devenu papa : des changements de cap qui donnent à son nouvel album un élan de maturité.
Pourquoi avoir choisi de s’exiler à Berlin ?
George FitzGerald : Tout simplement parce que j’ai fait des études d’allemand ! Je n’ai pas déménagé pour la musique – c’est venu plus tard – mais pour trouver un boulot de traducteur. J’étais déjà DJ et je produisais de la musique mais ce n’était pas mon vrai job. La scène électro à Berlin est tellement gigantesque qu’on a du mal à s’y faire une place. C’est un peu comme Hollywood pour les actrices. C’est aussi la raison pour laquelle j’en suis parti : tout le monde veut faire de la musique electro. Moi, j’aime avoir des amis « normaux » qui font des choses différentes.
Mais la scène electro de Londres aussi est énorme…
George FitzGerald : Complètement ! Mais il y a d’autres choses : du reggae, du rock… Je ne dirais jamais de mal de Berlin mais, effectivement, la techno c’est la seule musique qu’on connaît.
Après 10 ans à Berlin, comment on se réhabitue à Londres ?
George FitzGerald : Ce n’est pas comme si je vivais en Australie : j’étais tout le temps dans des avions entre les deux villes. Parfois, pour traverser Londres en métro, tu peux mettre plus de temps que pour aller à Berlin en avion. J’avais, et j’ai toujours, un pied entre ces deux endroits.
Ça fait quoi, pour un DJ, de s’accompagner d’un groupe live sur scène ?
George FitzGerald : C’est la meilleure décision que je n’ai jamais prise. En fait, rapidement, après le premier album, je voulais un groupe avec moi, mais j’avais trop de choses à gérer pour réussir à mettre ça sur pied. C’est une chose tout à fait différente de jouer avec un groupe sur scène, ça nécessitait une réorganisation. En tout cas, ça rend mon job plus marrant.
Comment tu as choisi tes musiciens ?
George FitzGerald : Assez facilement. Ce sont des potes ou des potes de potes. J’ai la chance d’être entouré de gens talentueux donc ça c’est fait naturellement.
Etre DJ est un boulot très solitaire…
George FitzGerald : Absolument et j’en avais vraiment marre de cet aspect. Pour avancer dans ma carrière, dans ma musique, il fallait un gros changement, sinon j’allais être saoulé d’être seul. Je viens de passer un an seul en tournée et ça va continuer jusqu’à la fin de l’année.
Le fait de déménager a-t-il changé ta musique ?
George FitzGerald : Bien sûr ! Mon studio est maintenant à Londres et je vais à Berlin en vacances. Londres est plus éclectique, la vie y est plus dure mais aussi plus stimulante du fait qu’elle soit multi-culturelle. Il y a de la pauvreté, des inégalités, les gens sont en colère, la vie est chère. Tout ça a un impact sur ma musique.
Propos recueillis par Sarah Koskievic