Il y a des artistes qui, comme les papillons, ont besoin de suivre une phase de croissance et de développement pour oublier la chenille d’antan. C’est le cas de HSRS dont la mue a laissé Bessa, son projet précédent, sur le carreau. Sauf qu’après cette renaissance, HSRS n’est pas apparue comme un papillon, mais comme une fée. Rencontre.
Ça fait quoi d’opérer une renaissance ?
Franchement, j’ai l’impression de renaître un peu tous les jours. Ces dernières années, j’ai plus accepté la réalité. En montant mon label et en prenant les choses en main de manière concrète, ça permet de s’ancrer plus profondément dans le sol et d’aller plus haut dans le ciel. Pour moi, c’est important d’avoir l’équilibre des deux.
Ça veut dire que tous les jours tu as une nouvelle idée ?
Des idées, j’en ai plein mais je ne les aboutis pas toutes. Ça fait des années que je me dis que je dois me faire confiance et que je dois faire tout ce que je sens. Quand je faisais des prods, j’avais des visions et je me suis dit qu’il fallait que j’aille au bout. Il y a que moi qui peut illustrer mes pensées. J’avais envie d’aller au bout et de proposer une expérience globale, sensorielle, auditive et visuelle. Cognitivement, c’est hyper prenant. J’adore la manière méticuleuse d’aller chercher les différents canaux sensoriels chez l’auditeur et de les manier avec soin. C’est pour ça que j’aime bien laisser une effluve dans mes vidéos, j’aime pas estampiller. Chaque clip est un questionnement qui reste ouvert.
Tu fais presque tout toute seule…
Déjà il y a une omerta autour de la technique et des femmes, c’est assez flippant. Moi j’ai eu envie d’apprendre, je suis pas plus bête qu’une autre. En tout cas, c’est pas dans mon éducation, je ne me suis jamais sentie moins capable que mon frère donc je ne suis pas freinée. Quand j’arrive en studio avec plein de mecs, je ne laisse pas la place au doute parce que je suis une femme. Quand tu poses ça, il n’y a pas de question.
Il faut souvent remettre les compteurs à zéro pour survivre dans la musique ?
Quand j’ai créé HSRS, j’ai passé deux ans seule à produire chez moi pour trouver mon son. Ça m’a donnée aussi vachement de force, d’assise pour faire face aux gens, aux énergies. Perso, je transpire trop mes émotions pour ne pas me remettre en question, je suis tellement poreuse. Dans tous les cas, il faut combattre son ego et ne pas se reposer sur ses lauriers. Mon problème, c’est plutôt d’arrêter de me remettre en question. Mon but dans la vie, c’est d’écraser mon ego tout en étant sereine… d’être assise, grande, belle, forte.
Propos recueillis par Sarah Koskievic