Jessica 93 : "J'en connais plein qui vivent le grunge mais personne ne le revendique"
Shoegaze, gothique, cold-wave, punk, noise… Jessica93 a déjà fait déferler ses hymnes « no future » sur Rock en Seine pendant l’été 2014, et ceux qui y étaient ne sont pas prêts d’oublier cette performance solo ahurissante.
Pile quatre ans plus tard, cette fois en groupe, on retrouve avec plaisir Geoffroy Laporte, trentenaire francilien aux airs de Kurt Cobain qui se dissimule derrière ce pseudo – le chiffre 93 faisant référence à son département d’origine, la Seine-Saint-Denis. Entre temps, ce songwriter torturé n’est pas resté les bras croisés. Héritier de The Cure, de Nirvana et des Bérus, il a sorti en novembre dernier son quatrième album, Guilty Species, entre désenchantement et déchaînement, avec une puissance toujours plus ébouriffante et une plume trempée dans l’encre noire.
Comment on prépare un deuxième Rock en Seine, quatre and plus tard ?
Geoffroy Laporte : Il y a quatre ans, c’était une des premières fois où je faisais une scène aussi grande. Depuis, ma carrière a bien évolué et ce genre de scène ne m’impressionne plus. Bizarrement, j’ai décidé de rendre hommage en étant sur scène comme je l’étais à l’époque. Ces dernières années, j’étais plutôt en groupe mais cette fois-ci, j’ai préféré être seul sur scène. Ca a été un retour aux sources !
Ça change quoi d’être seul sur scène ?
Geoffroy Laporte : Ça me permet de faire des morceaux que je n’ai pas l’habitude de faire, avec plus d’anciens morceaux, des trucs que je ressors, des inédits. Pour Rock en Seine, je me suis fait bien plaisir, entre nostalgie et plaisir. En tout cas, j’ai donné dans la nouveauté.
On lit de toi que tu es « le nouveau représentant du grunge français »…
Geoffroy Laporte : Je ne lis pas ce genre de trucs, je n’y prête même pas attention et pour être honnête, tu me l’apprends. Je ne sais même pas si il y a une scène grunge en France. En tout cas, je n’ai jamais rencontré des musiciens qui se disent grunge. J’en connais plein qui vivent le grunge mais personne ne le revendique. De toute façon, dès qu’on revendique quelque chose, c’est que ce n’est pas vrai.C’est ceux qui en parlent le plus qui en font le moins !
Tu as mis deux ans à accoucher de ton album. Pourquoi ce temps ?
Geoffroy Laporte : Il y avait une volonté de prendre une petite année, pour se reposer et puis après, il y a eu un an de composition et d’enregistrement. Pendant la première année, j’ai fini la tournée de Rise et puis après, j’ai vachement voyagé. Mais là, je vais vachement enchainé, je ne prendrais pas de vacances, cette fois.
Et on entendra quoi, sur ce prochain projet ?
Geoffroy Laporte : Je vais retourner à mes vieilles méthodes, en repartant d’un ancien set. J’ai aussi des opportunités outre-Manche et outre-Atlantique, on verra ce que ça donnera. J’arrive toujours à me donner des objectifs qui me remotivent. Il me faut une carte pour avancer. Donc ouais, le projet c’est un disque aux Etats-Unis et voir si le public répond à ce que je fais. Si ça se fait, ce sera tout nouveau, un défrichage. Une manière de recommencer tout à zéro, comme si j’avais vingt ans.
Le rêve américain, c’est quoi ?
Geoffroy Laporte : C’est la tournée de deux mois aux Etats-Unis dans un bus, à la Johnny Cash.
Quand on fait du rock, on fantasme pas sur l’Angleterre ?
Geoffroy Laporte : Ils ont inventé le rock and roll, alors ils ne sont pas prêts de s’intéresser à ce que tu fais quand t’es français !
Propos recueillis par Sarah Koskievic