Karoline Rose : "J'ai toujours eu cette façon de vivre un peu au-dessus de mes moyens"
Les influences de Karoline Rose en disent long sur son personnage : de M.I.A. à Nina Hagen, de Hole à L7, en passant par Björk, elle s’inspire de la rage fougueuse et des beats savants de ces héroïnes. Compositrice et guitariste, cette Franco-Allemande originaire de la Forêt Noire incarne la relève de toutes ces chanteuses au tempérament volcanique. Son premier EP est sorti début juin : l’occasion de voir bourgeonner une rose rouge sang, aux épines fatales.
Sur votre site officiel, on trouve un petit texte de présentation. Vous y listez tout un tas de choses que « vous n’êtes pas » : « la nouvelle Nina Hagen » ou « une M.I.A. allemande »…
« C’était pour prendre le contre-pied ! C’était une façon de me décrire en disant que je n’étais pas telle ou telle chanteuse. Bien évidemment il y a une influence mais certainement pas une sorte de redite. Il faut venir me voir pour savoir qui je suis !
Ce texte, très humoristique par ailleurs, contient une jolie formule : « Karoline Rose est une comtesse accidentée qui squatte à Disneyland » Qu’est-ce que cela signifie ?
« J’ai toujours eu cette façon de vivre un peu au-dessus de mes moyens et d’être complètement kitsch. A une époque, j’avais une carte annuelle à Disneyland et j’allais écrire là-bas. Un de mes lieux préférés au monde, c’est un château. Et en même temps je suis intermittente du spectacle donc je n’ai pas énormément de moyens. »
Pour revenir à cette « fausse » comparaison avec Nina Hagen, la chanteuse a une vraie empreinte sur votre style et votre musique…
« J’ai eu la chance de pouvoir faire la première partie de Nina Hagen. Pour mon dernier EP, j’utilise l’allemand et ma voix est parfois rauque. Pour ces raisons, on peut avoir cette sensation de parenté entre elle et moi. Mais jamais je n’oserais me comparer réellement à elle ! Cette meuf est un phénomène de la nature. »
Comme vous venez de le dire, vous chantez en partie en allemand…
« Avec Babx, pour cet EP, on est rentré dans une sorte de laboratoire de recherche. Pendant des années, j’ai fait énormément de choses : des spectacles comme 1789 Les amants de la Bastille, une pièce à Avignon dans laquelle je jouais justement Nina Hagen, des émissions… Quand on a commencé, je me suis demandée qui j’étais finalement et surtout qu’est-ce que je voulais faire. On est rentré en studio et on s’est dit qu’il fallait expérimenter avec l’allemand, qui est ma langue maternelle, car le français ne fonctionnait pas du tout et l’anglais est une langue dépassée pour moi. Utiliser l’allemand était donc pour moi d’abord une expérimentation. »
Vous avez aussi fait du théâtre. Cette expérience de la scène « autrement » vous sert-elle pour la chanson ?
« Bien évidemment ! D’autant que je n’ai pas vraiment eu de formation. C’est important d’être maître de son show et cela fait réfléchir différemment à tout un tas de choses : comment on se place, comment on évolue, comment on se met en scène… J’ai aussi fait des spectacles de danse alors que je ne suis absolument pas danseuse. Je trouve cela intéressant d’apprendre ainsi. »
Propos recueillis par Thomas Destouches