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Kids Return : "On raconte une histoire quand on fait de la musique"

27 Août 2022
Kids Return : "On raconte une histoire quand on fait de la musique"

Si vous ne connaissez pas encore Kids Return, dépêchez-vous d’écouter ce duo à la musique aérienne et envoûtante, influencé par le 7ème art et donnant des envies de balade sous un soleil enchanteur. Mais, en attendant de chausser vos sandales, la musique d’Adrien et Clément doucement nichée dans vos oreilles, faisons les présentations…

L’origine de Kids Return, au départ, c’est Teeers. Le groupe que Clément, Victor et Odilon forment. Vous êtes très jeunes à l’époque. Au début, c’est très rock, inspiré par Arctic Monkeys et The Strokes, n’est-ce pas ?

Clément : Oui, à la base on était très rock. Puis Random Access Memories de Daft Punk est sorti. Du coup, on s’est dit qu’on allait faire de la funk. Rétrospectivement, je me dis que ça a été une erreur. Ça a cassé un truc. On avait cette fougue des jeunes voulant faire du rock, c’est là qu’on était meilleurs. Puis on s’est un peu perdu en essayant de produire différemment. Mais je sais qu’on a fait de super morceaux et j’en garde de très bons souvenirs.

Puis Adrien, tu rejoins le groupe peu de temps après, et le son évolue. Teeers se fait plus électro…

Adrien : C’est naturellement vers ça que le groupe allait, je ne suis pas à l’origine de cette transformation. Je suis arrivé dans ce groupe uniquement pour faire du clavier en concert. Et puis finalement on a commencé à composer ensemble, on a sorti l’EP After the After. Un an après, on doit partir à Los Angeles pour une tournée mais c’est le début du bordel avec la pandémie et le confinement. Clément et moi partons d’abord et on reste quelques jours tous les deux là-bas, sans concert. C’est là que le groupe commence à se diviser en deux groupes. Quatre jours plus tard, Clément et moi rentrons à Paris. Et c’est pendant ce confinement que Kids Return est né.

Avec la pandémie, Teeers se sépare. Et naît alors Kids Return, formé de vous, Adrien et Clément. Et le son évolue encore. Comment le qualifieriez-vous ?

Clément : Un son très organique et analogique, avec beaucoup d’espace et d’air. Le rythme est davantage donné par la guitare folk que par la batterie.

Adrien : Le tempo n’est pas vraiment rapide.

Clément : Et sans être particulièrement dans un truc vintage. Cela ne nous intéresse pas de faire vintage pour faire vintage. On s’est demandé comment être moderne aujourd’hui. Et bien c’est peut-être de faire le truc à rebours, de mettre de côté l’ordinateur et de retourner à un truc peut-être plus terre à terre dans le son et de mettre les mains dedans.

Est-ce parce que vous vous êtes confinés ensemble, dans un appartement à Paris baigné de soleil, dans un moment qu’on a tous connu, un peu figé dans le temps, que Kids Return a aussi capté ce son ?

Clément : C’est une bonne question. Je pense que oui. Ce moment du confinement a été très fort. On ne comprenait pas ce qui se passait, comme tout le monde. L’appartement était bien exposé, il y avait une très belle lumière qui rentrait dedans. Le soir, on prenait l’apéro en jouant des notes sur le piano. Kids Return est vraiment né comme ça.

Et comment expliquez-vous qu’en si peu d’années, et alors que vous êtes encore si jeunes, votre son ait autant évolué ?

Adrien : Clément et moi, on ne composait pas avec Teeers. On a quitté le groupe parce qu’on avait envie de composer, de faire notre musique, celle qui nous ressemble. Cela n’a pas été un cheminement entre Teeers et Kids Return mais une fracture.

Clément : J’ai réalisé que je ne voulais pas faire de la musique que je n’écouterais pas.

Parlons du nom de votre groupe, Kids Return. C’est le titre du film de Takeshi Kitano. Pourquoi l’avoir choisi ?

Clément : Pendant le confinement, tout le monde regardait des films. On était tous chez nous et il n’y avait vraiment rien à faire. On regardait alors pleins de films et de faire notre culture. Dans l’appartement, il y avait un coffret de Takeshi Kitano. On commence à les regarder et là on tombe sur Kids Return. Le film est une histoire d’amitié, de deux amis qui prennent des chemins différents avant de se retrouver à la fin. Cela nous a beaucoup inspiré. Et un soir je dis à Adrien : « Tiens, si un jour on a un groupe, on s’appellera Kids Return. » Et c’est vraiment parti comme ça.

Vous nourrissez-vous du cinéma pour votre musique ?

Adrien : Oui, clairement. Au début de Kids Return, on ne savait pas exactement ce qu’on allait faire. Personnellement, je ne savais pas que j’allais me mettre à chanter. Je n’étais pas chanteur ! On s’est même demandé si on n’allait pas faire de la musique de cinéma. Parmi nos références, il y a beaucoup de compositeurs de cinéma : Ennio Morricone, Francis Lai, Vladimir Cosma… On savait composer et produire mais on ne savait pas chanter ni jouer très bien de la musique ! Mais très vite, au bout de deux mois, on a réalisé qu’on voulait faire des chansons, chanter. Du coup, le cinéma est très lié à notre groupe. D’ailleurs notre dernier morceau, Lost in Los Angeles, est une référence à Paris, Texas et des films de road trip comme My Own Private Idaho ou Badlands de Terrence Malick, qu’on a vu récemment. La cohérence esthétique des films m’inspire beaucoup et cela correspond aussi à ce que j’essaie de faire dans la musique.

Du coup, ne seriez-vous pas tentés de faire de la musique de film à l’avenir ?

Clément : On vient justement de faire notre première bande originale, pour un film qui a été tourné cet été. C’était vraiment un rêve et on ne va pas s’arrêter. Avec des notes, tu peux donner du sens, des émotions…

Adrien : Et du relief. La musique d’un film est comme un autre personnage. On raconte une histoire quand on fait de la musique. C’est pareil pour un film.

Propos recueillis par Thomas Destouches