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King Khan And The Shrines : "La musique doit nous aider à guérir nos blessures"

27 Août 2017
King Khan And The Shrines : "La musique doit nous aider à guérir nos blessures"

Il défraie la chronique pour ses tenues extravagantes, ses pitreries sur scène (montrer ses fesses à Lindsay Lohan en plein concert, par exemple), son charisme entre fougue et nonchalance : King Khan est un phénomène. Né à Montréal de parents indo-canadiens et installé à Berlin depuis une dizaine d’années, ce gourou improbable a fait partie d’un nombre incalculable de projets musicaux et a tourné avec ses grands amis les Black Lips.

Quelle est l’idée derrière le personnage exubérant de King Khan ?

« J’ai commencé à faire de la musique quand j’étais adolescent. A l’époque c’était du punk et je me faisais appeler Blacksnake. Cela a duré 5 ans. Puis d’une certaine manière je me suis réinventé. Des musiciens comme Screamin’ Jay Hawkins, Otis Redding et James Brown m’ont inspiré. Je voulais faire quelque chose de plus soul. Et comme je venais d’être père, cela m’a naturellement poussé à faire une musique davantage tournée vers l’amour et moins teintée par la colère. Mais il ne faut pas oublier l’influence du musicien de jazz Sun Ra qui m’a fait prendre conscience que l’on pouvait créer des mythes à travers la musique. »

 

 

Vous bougez beaucoup, vous voyagez tout le temps, vous êtes tout le temps sur les routes. C’est pour mieux vous trouver ou vous fuir ?

« J’ai eu une enfance quelque peu turbulente. Mon père était quelqu’un de vraiment méchant. Dès qu’il n’était plus dans les parages, avec mes frères et sœurs nous nous sentions enfin libres. Quand nous voulions nous trouver intérieurement, il fallait s’éloigner de toute forme d’autorité. Quand je me suis mis à faire du rock et du punk, au fond c’était la même philosophie. Je me suis découvert à travers la musique. »

Vos concerts sont réputés pour être des spectacles imprévisibles.

« Il faut une part de mise en danger en concert, et cela manque trop souvent à mes yeux. Tout est toujours sous contrôle. C’est aussi pour cela que je m’inspire beaucoup du Free Jazz de la fin des années 60. La musique y devient tellement imprévisible que l’on ne laisse passer aucune note.  De ce point de vue, mes musiciens sont formidables. Ils jouent chaque concert comme s’il s’agissait du dernier. C’est très difficile de trouver de tels gens, car on est souvent dirigés par nos égos. Mes musiciens sont ma famille. »

 

 

Il y a aussi une volonté cinématographique amusante dans vos clips. Vous délayez votre univers musical en l’exportant vers un univers très référencé, notamment par Bollywood…

« Oui de Bollywood mais aussi beaucoup le cinéma B. Si j’ai été très influencé en musique par Sun Ra, je l’ai été tout autant par Alejandro Jodorowsky et Melvin Van Peebles pour l’univers visuel. De manière générale, je pense que tout clip, toute performance scénique devrait avoir une dimension cinématographique. Ma femme est sur la même longueur d’ondes, notamment en ce qui concerne mes costumes. En fait, je ne parlerais pas de « costumes » mais d' »uniformes ». Les gens ont besoin de ces spectacles pour oublier leurs problèmes ou le monde qui nous entoure. Le meilleur compliment que les gens puissent me faire c’est de me dire qu’après m’avoir vu sur scène ou dans un clip, ils ont le sourire. »

Il y a aussi une dimension spirituelle dans votre musique. Un message très positif d’amour…

« J’attache en effet beaucoup d’importance à la spiritualité dans mes paroles. Mais je peux aussi écrire des choses complètement stupides et simplement amusantes. Ainsi cela crée une sorte de voyage musical. Ma spiritualité vient beaucoup du tarot et je crois qu’il y a un chemin vers l’illumination, qui passe par procurer du plaisir, créer le bonheur autour de soi. Selon moi, beaucoup de gens ont une mauvaise conception de la musique: elle doit nous aider à guérir nos blessures d’une façon amusante, poétique et folle. Ce n’est pas simplement vendre des disques ou autres objets. »

Il y a aussi une dimension politique. Vous utilisez le médium musique pour promouvoir des messages d’unité, pour combattre le racisme notamment…

« Oui. Et bien d’autres choses. Cela fait des années que je défends la cause des personnes transgenres. Heureusement de plus en plus de médias s’intéressent désormais à cette cause et commencent à vraiment dénoncer les actes dont ils peuvent être victimes. La soul américaine des années 60 reflétait le combat pour les droits civiques. J’ai eu la chance de pouvoir jouer avec quelques musiciens de cette époque, tout comme j’ai pu collaborer avec certains membres des Black Panthers et travaillé notamment sur une exposition autour de la thématique du Black Power. Tous les combats des années 60 sont malheureusement encore d’actualité, on le voit tous les jours. La musique est pour moi le moyen de m’exprimer sur ces sujets et de pousser les gens à y réfléchir. »

Propos recueillis par Thomas Destouches

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