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Le mag'

Le rock chinois, expliqué par Ricky Maymi des Brian Jonestown Massacre

26 Août 2016
Le rock chinois, expliqué par Ricky Maymi des Brian Jonestown Massacre

Derrière sa guitare à 12 cordes, Ricky Maymi est l’un des piliers des Brian Jonestown Massacre. Il y a joué aux débuts du groupe, l’a quitté pour monter son projet The Imajinary Friends, puis a ensuite prêté ses talents partout dans le monde (The Wild Swans, The Triffids, Spectrum, etc) pour finalement revenir auprès d’Anton Newcombe en 2003. C’est dire si le bonhomme est un musicien aguerri qui sait reconnaitre une musique quand elle est bonne, peu importe d’où elle vient. Depuis quelques années, sa page Facebook est une ode à la musique chinoise. Mais pas n’importe laquelle, du rock, du rock psychédélique, du punk, de l’électro, chanté en mandarin et en anglais, et qui a envahi la capitale chinoise depuis une dizaine d’années, faisant de Pékin la destination à ne pas rater pour tout mélomane qui se respecte. Et ici à Rock en Seine, il en a profité pour nous prêcher la bonne parole.

On entend rarement parler de rock chinois dans la presse et encore moins à la TV, comment vous l’avez découvert ?

J’en entendu parler du rock chinois la première fois par un très bon ami de Melbourne en Australie, Julian Wu. Il a la double nationalité chinoise et australienne. Il revenait d’un voyage en Chine pour aller voir de la famille, en 2012. Il a ramené avec lui une valise pleine de disques de groupes signés sur les labels Maybe Mars et Modern Sky Records basés à Pékin. La quantité de groupes était ahurissante et je suis tout de suite tombé sous le charme de certains comme Birdstricking, Dear Eloise, Duck Fight Goose et Carsick Cars.


Il y a clairement chez eux une influence du rock occidental (tous les genres et les époques confondus), et pourtant ça sonne très nouveau, très singulier.

Il y a ces influences, bien entendu, mais ils n’ont pas grandit avec comme nous, ils n’ont pas baigné dedans (l’arrivée d’Internet au début des années 2000 a ouvert à la jeunesse chinoise une immense porte sur la musique du reste du monde. Auparavant, elle n’était que difficilement trouvable en CD piratés. Presque du jour au lendemain, ils se sont retrouvés à digérer 50 ans de musique – Ndr). Ce qui est intéressant aussi, c’est de voir à quel point chaque groupe en influence un autre dans cette scène et tous se retrouvent finalement à être le résultat de leur propre environnement et culture. De fait, consciemment ou inconsciemment, ils ne produisent pas la même chose qu’un groupe occidental produirait avec les mêmes influences.

Est-ce que c’est différent ou plus difficile d’être un musicien en Chine que dans le reste du monde ?

Être musicien en Chine n’est pas considéré comme un choix de carrière honorable. Ce n’est pas bien accepté, il y a peu de soutien. Ce n’est pas comparable à ce qui se passe dans le monde occidental ou d’autres pays asiatiques occidentalisés.


Vous travaillez avec des groupes et des labels chinois, en quoi les aidez-vous ?

J’ai produit deux albums : le prochain Birdstriking et le disque d’un groupe qui s’appelle Gate to Otherside. J’ai monté Far Out Distant Sounds, un structure d’import, de distribution et label qui s’occupe exclusivement de groupes de l’underground chinois. Et puis j’organise des tournées et j’accompagne ces groupes aux Etats-Unis.


Est-ce que Pékin est une grande capitale du rock aujourd’hui ?

Pékin est de loin la ville où la scène musicale underground est la plus excitante, je n’ai rien vu de tel depuis très longtemps. Plus excitante même que Perth où je vis. Ça fait environ 10 ans que Pékin bouillonne comme ça et on dirait que ça continue de devenir de plus en plus intéressant…


Est-ce que vous pouvez nous donner 3 noms de groupes qu’il faudrait impérativement inviter à jouer à Rock en Seine 2017 ?

Birdstriking, Dear Eloise, et White+

Propos recueillis par Adrien Toffolet

Scène de l’Industrie
Vendredi 28 août, à 18:45

Photo : ©Ricky Maymi