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Lee Ann Curren, ça te gonfle qu'on te parle toujours de surf en interview ?

18 Sep 2019
Lee Ann Curren, ça te gonfle qu'on te parle toujours de surf en interview ?

Entre le surf et la musique, son cœur balance. Alors, pourquoi choisir ?

Lee-Ann Curren a été championne d’Europe de surf plusieurs fois, mais elle se montre aussi à l’aise sur sa planche qu’avec un instrument de musique (basse, guitare, claviers…). Née à Biarritz de parents surfeurs de haut niveau, cette Franco-Américaine s’est forgée en écoutant MGMT, Beach House et Connan Mockasin. D’abord révélée au sein du groupe Betty The Shark (deux albums à leur actif), elle se lance dans une nouvelle aventure solo et solaire, en composant des morceaux entre dream-pop vaporeuse et folk introspectif. Après avoir testé ses chansons sur scène au gré de ses voyages à l’étranger, elle enregistre en ce moment à Londres – le résultat devrait être dévoilé dans le courant de l’année 2019. La déferlante arrive…

Ça te saoule qu’on te parle toujours du surf en interview ?

J’ai appris plein de choses dans ma vie par le surf. Par exemple, la patience est la clé dans ce sport et c’est indispensable dans la musique aussi. Quand on monte un groupe, par exemple, la route est longue avant de pouvoir faire des premières scènes. Mais même dans l’écriture, il faut une sacrée dose de patience pour faire face à la page blanche ! Comme sur une vague, il faut lâcher prise, penser à autre chose et attendre que ça arrive. Quand t’es dans l’océan, la négativité peut tout foutre en l’air : on dirait qu’il entend ce qu’il y a dans ta tête, si t’es stressé, les vagues te fuient. Ça m’a aussi appris à être dans le moment présent.

Et l’inverse ?

Dans la musique, il faut un tout petit peu plus intellectualiser. Etre structurée dans la tête a changé ma pratique du surf.

Ce sont deux disciplines qui prennent énormément de temps…

Quand je suis passée pro en surf, j’ai fait que ça pendant trois ans : il n’y avait de la place pour rien d’autre. Quand la musique m’a manquée, j’ai du sortir de cette bulle de surfeuse pour remonter mon groupe. Et à l’inverse, quand je fais des mois de musique intensifs comme avant de préparer Rock en Seine, je ne suis pas la plus performante sur un surf. À la fois, je ne fais aucune des disciplines au détriment de l’autre. Au contraire, je prends du recul et je reviens avec des approches plus fraîches.

La musique c’est un sport ?

Mais le surf c’est même pas un sport pour moi ! Mais l’un comme l’autre, ce sont des passions alors ça me semble plus naturel que compétitif. Quand j’entends le mot « sport », ça me fait penser une performance et à des limites repoussées. Les gens qui font le Conservatoire, par exemple, appréhendent la musique comme ça. Après, les pratiques sont physiques et fatigantes ne serait-ce que dans la posture ou la respiration.

Et l’adrénaline dans tout ça ?

Les deux amènent la même sensation et pour moi les ondes de la mer, c’est exactement comme le public : ça me porte ! Même si je ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe avec le public, c’est plutôt intuitif.

 

Propos recueillis par Sarah Koskievic