Avec derrière lui une dizaine d’années à pratiquer des sports de combat, Enzo (la vraie identité de 7 Jaws) est un guerrier dans l’âme.
Après avoir quitté Sarrebourg pour tenter sa chance à Paris, ce Lorrain a quitté un ring pour un autre : la scène, où il livre un rap façon uppercut. Cette année, il a joué à la même affiche que Georgio, Slowthai, AJ Tracey, Zed Yun Pavarotti et Berywam – autant d’expériences qui ont renforcé sa volonté de partager ses morceaux urbains. On peut d’ores et déjà se familiariser avec son style et son flow mordant en écoutant Regarde Lee, Shadow Boxing, BNB, ou encore Stan Lee, parmi les nombreuses compositions qu’il a sorties depuis ses débuts. Ce passionné de Jules Verne a appelé son premier album « Nautilus » en 2017 et on l’a retrouvé fin 2018 avec l’EP « Steam House ».
Parce qu’on le sent torturé, dans ses prods et dans ses textes, on l’a soumis au questionnaire des 7 péchés capitaux.
La colère ?
« C’est un moteur et un frein. Il y a de la colère dans mes sons mais aussi toute une palette d’émotions. La colère me donne envie d’atteindre mes objectifs et j’essaie d’oublier ma rancoeur. Mon passé est jalonné d’événements marquants et de personnes néfastes, j’ai besoin de revivre ces moments, de me mettre dans des états émotionnels pour pouvoir faire ma musique ».
L’avarice ?
« C’est mieux d’avoir de l’argent après ne pas en avoir eu que d’être né avec, ça permet d’en avoir la valeur. Je vois l’argent comme un outil. Si j’en avais beaucoup, je partagerais à des associations ou à des gens nécessiteux. À partir du moment où je peux mettre ma famille à l’abri, je garderais pas pour moi. Je préférais rayonner en tant qu’humain ».
L’envie ?
« C’est mon plus gros péché. J’ai envie de plein de choses : de vivre, d’être libre, d’être heureux… L’envie de faire de la musique est arrivée naturellement parce que j’écoute de la musique depuis toujours. La première fois, j’ai recopié à la main le texte de « Le charme de la tristesse » de Kamelancien par envie d’écrire sur du papier. C’est comme la scène de « 8 Mile » où Eminem écrit sur du papier dans le bus, j’avais trop envie de faire la même chose ».
L’orgueil ?
« J’aime pas me planter, j’aime pas perdre, j’aime pas louper une session studio. J’ai vraiment envie d’être le bon cheval, quand je me plante ça me fout dans des états pas possibles. Sur scène, si il y a des accrocs, ça me gâche le plaisir ».
La gourmandise ?
« Je suis gourmand de résultats. Le succès, ça n’a qu’un temps. Les résultats, c’est au quotidien qu’on les voit. Je préfère que ça aille vite, si ça traine trop, j’ai l’impression de perdre en qualité ».
La paresse ?
« Je suis paresseux pour la paperasse mais pour la musique, je peux rester 13 heures en studio sans problème. La musique, ça me valorise parce qu’à l’école je pensais que j’étais un bon à rien. J’ai juste dû trouver le domaine dans lequel je me plaisais et où je peux travailler le plus longtemps sans me fatiguer. Donc je ne suis plus paresseux ! »
La luxure ?
« Il n’y a aucune allusion aux meufs dans mes textes parce que je préfère me concentrer sur l’émotion pour toucher plus de personnes. La vie de DJ Khaled, ça fait rêver mais il y a peut-être 20 personnes qui la vivent. J’essaie de parler vraiment aux gens. Parler mal des meufs ou faire des allusions sexuelles dans mes morceaux, je ne saurais pas le faire même si je me forçais ! »
Propos recueillis par Sarah Koskievic
Photo : Mathieu Foucher