N’ayez pas peur : ces cinq normands sont moins des amateurs de chair fraîche que des passionnés de musique.
Découverte indispensable du label indépendant Born Bad, Cannibale n’existe que depuis quelques années mais n’a pas perdu de temps pour déverser partout sa musique – du « psycho tropical rock », comme l’indique leur page Facebook. Effectivement, le résultat est aussi psychédélique qu’exotique, en proposant des influences en pagaille, de l’Amérique latine à l’Afrique, en faisant escale dans le garage-rock californien des Sixties. Puisant dans leurs deux albums, « No Mercy For Love » (2017) et « Not Easy To Cook » (2018), leurs concerts sont des invitations à la promenade dans des contrées tropicales moites et inexplorées, comme ils l’ont montré lors de leur précédent passage à Rock en Seine il y a deux ans.
Le nom du groupe, c’est parce que vous vouliez manger la concurrence ?
Manu : Pas la concurrence, non. Mais toute cette concurrence nous a vraiment nourri. Par contre, on mange tout ce qui s’offre à nous et il y a tellement de choses à prendre, pour faire de la musique.
On a faim de quoi après 40 ans ?
Nico : Comme disait Sandy Stevens « j’ai faim de tout ce que tu es, j’ai faim de toi ».
Antoine : On a pas la même dalle qu’à 20 ans, on sait que c’est un métier où il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus.
Vous avez un titre qui s’appelle « Not Easy To Cook », c’est quoi la recette pour un bon titre ?
Manu : Si je l’avais… Mais peut-être que ce serait la sincérité.
Nico : Beaucoup d’épices mais surtout celles des Balkans.
Si je m’invite à manger chez vous, on mangerait quoi ?
Nico : Des tripes !
Manu : Des soupes avec les légumes du jardin. En hiver : patate, carotte, poireau, potimarron. En été : courgette, basilic, ail et Vache qui rit.
Nico : Je peux te donner une autre recette ?
Ouais, vas-y !
Nico : Pommes de terre, gingembre, persil et un peu de curry.
Manu : C’est une soupe de pommes de terre quoi…
On boit quoi ?
Tous : Du Ricard !
Manu : Du rhum !
Nico : Beaucoup de rhum…
Comment on digère un échec ?
Manu : On a jamais eu de succès qui nous permettrait réellement de subir un échec dans la carrière de Cannibale. Après sur le plan plus perso, un échec, c’est quand ça s’arrête. Alors pourvu que ça dure…
Nico : Les échecs, c’est épuisant. Quand ça fait 10 ans que t’es sur un groupe et que tu donnes, et donnes encore. S’arrêter après 10 ans, ça c’est un échec parc que tu y as mis toute ton énergie et finalement ça n’a pas donné grand-chose. Ça fait pshitt ! Tu viens quand manger des tripes ?
Propos recueillis par Sarah Koskievic
Photo : Olivier Hoffschir