On appelle ça la darksynth, une catégorie d’electro qui mêle des ambiances sombres, des synthés et des sonorités venues du métal et des films d’horreur.
Carpenter Brut en a fait sa spécialité depuis ses premiers EP, réunis en 2015 dans la compilation Trilogy. Après plusieurs apparitions dans des musiques de jeux vidéo (Hotline Miami 2, The Crew, Furi…) et un album live l’an dernier, ce Français vient de sortir fin février Leather Teeth, son premier véritable album studio.
Ces huit nouveaux morceaux ont été conçus comme la bande originale d’un film imaginaire des Eighties, avec une cheerleader, un rockeur monstrueux, des meurtres, du rose fluo et de la laque. On vous laisse découvrir sur scène le scénario dingue créé par cet artiste qui cultive le goût du secret et du mystère. Et de la musique, comme il nous le raconte dans cette promenade au coeur de son iPod.
Carpenter Brut : “Musicien, c’est comme cuisinier. Un jour, le chef va changer la carte, et certains clients diront que la carte précédente était meilleure, mais tu ne vas pas cuisinier soixante plats différents en fonction des goûts de soixante personnes différentes. Je ne m’arrête donc pas aux commentaires des gens qui trouvent Leather Teeth plus doux, trop doux par rapport aux précédents. Mais j’avais besoin d’un réconfort avec ce disque, j’ai été marqué par les évènements du Bataclan, et ça m’a marqué, en temps que musicien, de penser qu’on pouvait se faire tuer en allant à un concert. J’ai donc eu besoin de mettre de côté cette violence ».
Carpenter Brut : « Tu sais, je m’interroge beaucoup sur l’avenir de ce projet : est-ce que ça peut grossir, et jusqu’à quand ? Je doute fortement, à 50 ans, d’être encore sur scène à projeter des images de femmes à poil derrière le groupe. Je prends l’exemple de Ghost : je pense que leur but, c’est de ramener le métal sataniste dans les stades. De refaire cette pop grandiloquente des années 70 à la Led Zep qui parle de Satan. Il faut juste faire attention à ne pas devenir inutile”.
Carpenter Brut : “Des titres inutiles, j’en ai composé plein. Mais je ne me suis jamais senti inutile, je n’ai jamais envisagé de jeter l’éponge, car ce serait un aveu de faiblesse. La musique, ce n’est pas supposé être facile. Ma hantise est de faire des albums creux, vains. Et ça arrive souvent, d’écouter un groupe, et de n’y trouver que du… Du rien. Comme si tu achetais un livre avec une très belle couverture, mais que dedans, il y avait juste un mot de temps en temps et principalement des pages blanches”.
Carpenter Brut : “Je pense que les fans ne s’imaginent pas ce qu’il y a dans mon iPod, que je peux autant écouter du gros métal que du Phil Collins. Oui, cela peut les surprendre. Mais regarde, on peut avoir, toi et moi, des goûts similaires, tout en piochant partout ailleurs. Les vieilles chapelles, on s’en fiche. Regarde un peu ce qu’il y a dans mon iPod : le dernier Ghost, que j’aime vraiment beaucoup. Mais aussi le dernier Archive, dont je commence tout juste à me remettre. J’adore Archive. Surtout le morceau Pills, cette boucle, ces accords discrets, cette progression… ».
Carpenter Brut : « J’écoute aussi, regarde mon iPod : Limp Bizkit. Je suis fan de Wes Borland, le guitariste, que j’ai croisé en Angleterre, et je trouve que ça vieillit pas mal. Iron Maiden, No Prayer For The Dying, je me souviens de l’avoir détesté, donc je réécoute… Elton John… The Soundtrack Of Our Lives… Chromeo… Journey… Sick Of It All… Voilà ! ».
Propos recueillis par Nico Prat