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Malik Djoudi : "Faire cette musique m'a permis de me rencontrer"

16 Sep 2018
Malik Djoudi : "Faire cette musique m'a permis de me rencontrer"

Adoubé par Etienne Daho, ce Poitevin pudique et rêveur multiplie les compétences. Il est non seulement auteur, compositeur et interprète, mais aussi réalisateur (il a mis en images le clip brumeux de Sous Garantie, l’un de ses singles magnétiques). S’il a fait ses débuts au sein de différents groupes (Moon Palace, Kim Tim), c’est désormais seul qu’il s’illustre. Son premier album en solitaire, justement intitulé Un, est sorti l’an dernier et cette carrière solo un brin tardive a révélé un artiste en proie au doute, qui prend peu à peu confiance en lui pour s’épanouir merveilleusement.

Une formule revient régulièrement à propos de votre album : vous dites qu’il s’agit d’une « mise à nu ». Le fait d’affronter ses peurs ou ses éventuels démons est-il logique quand on se heurte à l’écriture d’un premier disque en solo ?

Oui ! Le fait d’affronter ses démons est peut-être aussi une manière de les guérir. Je ne sais pas, il s’agit probablement d’une forme de psychothérapie. C’est aussi une façon de se rendre compte de ses faiblesses ou de sa puissance.

Vous commencez toujours à composer la musique avant de vous lancer dans l’écriture des textes. Est-ce la mélodie qui amène la thématique de la chanson ?

Souvent les mélodies et les harmonies que l’on peut trouver installent une ambiance et me font penser à des choses, à des états. Après, il faut parfois contrebalancer. Mettre sur une musique joyeuse des histoires horribles. Même si je n’écris pas de textes sur des sujets horribles ! (rires)

Justement, votre musique est aérienne et les thèmes sont profonds. Il y a une dualité parfois étonnante…

Cela va avec la musique que j’ai envie de faire. Des ballades rythmiques. D’aborder des thèmes profonds avec légèreté.

Votre musique est très cinématographique. Vos textes sont élusifs…

J’ai envie d’écrire avec des mots simples. Je raconte un peu ma vie, mes joies, mes doutes. Heureusement et malheureusement cela parle à ceux qui écoutent. Mais je ne le fais pas volontairement, je ne me dis jamais « Je veux parler à tout le monde ». Je ne veux pas, dans ma musique et dans mes textes, faire des choses compliquées. Mais c’est justement très compliqué de faire des choses simples !

Vous chantiez auparavant en anglais. Désormais vous assumez le français. Cela participe aussi à cette fameuse « mise à nu » ?

Oui, car je maîtrise ma langue natale davantage que l’anglais. Je peux donc aller plus en profondeur. Dans les deux langues, on peut dire des choses de 20 manières différentes. Mais le français sied mieux à cette mise à nu.

Pour prolonger ce thème… Vous avez commencé à chanter à votre mère, lorsque vous vous baladiez avec elle durant votre enfance. Ce retour au français peut-il aussi être une manière de vous rapprocher de cette période ?

J’ai abordé cet album comme un débutant. On peut « commencer » au plus jeune âge ou en étant adulte. Alors oui, bien évidemment, je vais puiser dans mon enfant intérieur, dans des chansons que je faisais quand j’avais 15 ans. Je les revisite aujourd’hui. Oui, quand je fais de la musique, je repense à ces balades avec ma mère. C’est là que je trouve une partie de mon inspiration. J’essaie de retrouver cette insouciance.

Ce premier album n’est-il pas au final une entreprise cathartique ?

En effet. J’ai d’abord trouvé la confiance en moi. Ensuite j’ai trouvé un axe, comment je voulais m’exprimer, mon champ lexical, lequel s’agrandira peut-être au fur et à mesure. J’ai trouvé la manière dont je voulais composer. En réalité, je me suis trouvé. Faire cette musique m’a permis de me rencontrer.

Cette connaissance de vous-même est-elle comme une pelote de laine que vous allez tirer pour les prochaines chansons ?

Bien sûr ! J’ai d’ailleurs fini le second album. Et puis, la vie nous apprend tous les jours. On peut constamment tirer des ficelles ici et là. Je continue de raconter ce que je ressens.

Avez-vous un peu expérimenté avec ce second album ou est-ce qu’il s’agit vraiment d’une continuation ?

J’ai gardé les mêmes instruments, la même façon de travailler, les mêmes pédales de guitare. J’ai fait toute la production chez moi. La différence, c’est qu’un label m’a permis de travailler avec l’ingénieur du son de Metronomy.

Propos recueillis par Thomas Destouches