Un son hybride qui pioche dans des influences du monde entier, dépoussière les musiques du passé et fusionne le tout avec un sens du groove admirable : Nu Genea Live Band (ex-Nu Guinea) aime le mélange des cultures.
C’est peut-être le Vésuve qui insuffle à ce duo napolitain la chaleur qu’on retrouve partout dans sa musique. Une chose est sûre : Massimo Di Lena et Lucio Aquilina, les deux DJ et musiciens qui ont fondé ce groupe en 2014, composent des morceaux baignés de soleil.
Relocalisés à Berlin, ils ne perdent pas pour autant l’exotisme qui les fait briller sur le dancefloor. Après un premier album en 2016 en collaboration avec le regretté Tony Allen, le tandem italien monte son propre label, NG Records, l’année suivante. Sur scène, c’est en groupe, avec une énergie folle, qu’ils déploient tout leur immense talent.
Rencontre.
Vous écrivez comment ?
« En général, nous sommes tous les deux en train de composer, ensemble, un premier groove, ou juste une ligne de base, une petite mélodie. Puis, on a un premier brouillon. Et c’est seulement à partir de là que nous allons voir le groupe. Car par exemple, on joue de la guitare, sans être guitariste. Alors nous présentons en fait nos démos à des musiciens professionnels. Et parfois, souvent même, on teste nos chansons sur le public pendant nos dj sets. Si les gens dansent, même si c’est une démo, on sait qu’il y a un potentiel. En plus, on aime quand le son n’est pas parfait ».
Comment cela ?
« Tu sais, on collectionne les disques, on en a beaucoup, et nos disques préférés ont souvent un mauvais son, quelque chose de vivant. Donc quand on enregistre un son de guitare, qu’on joue nous-mêmes, et qu’on demande à un guitariste de le reproduire, il nous dit que ce n’est pas la bonne façon de jouer, mais si on l’aime, on le garde ».
Vous bossez longtemps sur vos titres ?
« Avant la pandémie, nous étions presque prêts à sortir le disque, mais du coup, nous avions du temps pour changer des choses, trop de temps. On ne va pas se mentir : c’est mieux d’avoir une deadline. Quand tu n’as pas de limites, tu ne t’arrêtes jamais, absolument jamais. La deadline, c’est ça la clé ! »
Ce que vous écrivez ressemble à ce que vous écoutez ?
« Nous faisons de la musique qui est, le plus possible, proche de nos goûts. Mais peut-être que parfois, nous commençons à détester un titre, ou nous en aimons un de nouveau. Quand on passe trop de temps sur un titre, tu ne l’aimes plus, et c’est assez normal, tu en as marre. Tu as souvent besoin de potes, de proches, pour te remettre dans le droit chemin. Mais surtout, on se concentre sur les chansons qui ont le plus de potentiel. On ne travaille pas tant que cela sur celles qui ne nous semblent pas pouvoir prendre leur envol. Écouter beaucoup de musique est aussi un entraînement pour la composition. Tu sais où tu veux aller, ne pas aller. Tu inventes quelque chose, certes, dans ta musique, mais tu ne sais plus si c’est quelque chose qui vient de toi ou si l’inspiration, cette chose impalpable, est née d’une autre chanson entendue vingt ans plus tôt ».
Propos recueillis par Nico Prat
Photos : Christophe Crénel