Si Nusky, rappeur du collectif La Race Canine, et Vaati, producteur, ne sont une formation que depuis quelques années, leur complémentarité est étonnante.
L’un finit les phrases de l’autre, ils se regardent et se consultent – parfois débattent – sur un point épineux concernant leur musique. Une rare maturité pour ce binôme vingtenaire qui manie l’exercice de l’interview – confession comme on jouerait un tournoi de ping-pong. Balle de match.
On vous qualifie comme les nouveaux O.V.N.I. du rap, vous trouvez que ça vous correspond comme description ?
Vaati : Pour les gens, on arrive peut-être de nulle part mais ça a été vachement progressif, ça fait un an qu’il se passe des choses pour nous.
Nusky : Il faut avouer que ça fait bizarre… Il y a un peu de pression sur nos épaules.
Vaati : Moi, cette pression, je ne la sens pas. Le seul avis que je prends en compte sur ma musique, c’est le mien. Mais je comprends que les gens s’intéressent à nous puisque notre musique est meilleure qu’avant. Si il y a trois ans, on avait eu les mêmes interviews qu’aujourd’hui…
Nusky : Ça aurait été bizarre.
Vaati : Inapproprié. Je commence à faire des morceaux et à réussir à en être fier pendant plus de quatre mois.
Nusky : Ça fait un an qu’on joue ces morceaux et je les redécouvre encore.
Vaati : Moi, je commence un peu à m’ennuyer.
Nusky : On voulait atteindre un certain objectif musical, on a beaucoup bossé et on commence à entrevoir notre objectif.
Vous vous ennuyez déjà ?
Vaati : Ce que je voulais dire, c’est qu’il y a tellement de choses à apprendre dans la musique, c’est tellement vaste, qu’on a hâte de s’y mettre. On est minuscules avec nos deux projets.
Nusky : On a un projet qui arrive en automne. On n’arrêtera jamais de travailler, peu importe notre notoriété.
Et ce projet ressemblera à quoi ?
Vaati : Ce sera très différent de ce que l’on a pu faire auparavant.
Nusky : Ne vous attendez à rien.
Vaati : En un adjectif, je dirais que c’est plus flamboyant qu’avant.
Nusky : Peut-être plus mélancolique.
Vaati : En terme d’épanouissement artistique, il est obligatoire d’aller dans une direction contraire de ce que l’on a pu faire avant. Il faut avoir des projets avec des identités propres et définies. J’ai des tonnes de concepts musicaux et kifs artistiques que j’ai envie de faire.
Nusky : On tend à être de plus en plus organiques.
Vaati : La musique est plus chargée, ça sonne plus gros. Il y a plus de choses. On y a pas vraiment réfléchi, on a fait ça à l’instinct.
Quand vous êtes ensemble, vous écoutez quoi ?
Vaati : Je vole le rôle du DJ quand on est ensemble.
Nusky : Il n’y a pas d’ego entre nous. Dans la vie comme dans la musique, on se place au même niveau. On ne se marche pas dessus. Au contraire, on se pousse l’un l’autre.
Vaati : On a beaucoup de points communs. Quoique non, je suis mordu de jazz et lui non.
Nusky : Il y a pas mal de trucs de rap que j’écoute et qu’il ne supporte pas.
Vaati : J’aime le blues. On le retrouve partout : dans le rap, le blues. On est fans des mélodies.
Nusky : C’est ça notre vrai point commun : la mélodie.
Propos recueillis par Sarah Koskievic le 27 août 2016.