Fin août 2016, les Seine-et-Marnais de Pogo Car Crash Control livrent une performance musclée sur la scène Ile-de-France de Rock en Seine, alors qu’ils s’apprêtent à sortir leur tout premier EP éponyme.
Sept ans plus tard, devenu une valeur sûre de la scène punk-métal hexagonale, le groupe revient au Domaine national de Saint-Cloud avec une discographie bien étoffée, composée de trois albums aux mots doubles en français : Déprime hostile (2018), Tête blême (2020) et Fréquence violence (2022). Saluons, en plus de leur musique pêchue et de leurs concerts énergisants, leur engagement pour encourager les filles à apprendre à jouer d’un instrument et à venir se faire une place sur scène. Leur bassiste, Lola Frichet, a ainsi lancé l’association More Women on Stage, qui vise à renforcer la place des femmes dans la musique.
Rencontre avec Olivier Pernot, chanteur et guitariste et Louis Pénichot, batteur.
J’aimerais qu’on revienne un peu sur la genèse du groupe. Il est le résultat de quoi ce groupe ? D’une rencontre, d’une amitié ou d’une folle envie de faire du bruit ?
Olivier : Tu as en face de toi les deux membres fondateurs du groupe. Donc ta question est très pertinente. Louis et moi, on s’est rencontrés au lycée. Et à la sortie du lycée, on s’est dit qu’il fallait se reprendre en main et arrêter de faire des groupes en mode iroquois, et de faire du reggae. On a dit non, on arrête toutes ces conneries et maintenant on fait ce qu’on aime. On fait du rock.
Louis : Moi je voulais faire du rock assez lourd. On était tous dans des groupes, comme Olivier le disait, où on faisait des musiques différentes. On était très inspirés par la vague garage à l’époque, Ty Sigall ou Bass Drum of Death. On voulait faire comme eux, du rock brut, entre grunge et garage.
Olivier : On voulait surtout faire une grosse popote de bruit. C’était ça le point de départ.
Depuis vos débuts, comment le son de Pogo Car Crash Control a évolué ?
Louis : Notre musique a évolué en continuant de se faire écouter des trucs. Comme le font les bandes de potes.
Olivier : Il faut remonter au deuxième album. C’était un album taillé pour le live hardcore. C’est un album très violent, très métal. Après, il y a eu le covid donc c’est un album qui, malheureusement, n’a pas pu vraiment vivre sur scène alors qu’il était vraiment taillé pour ça. On s’est retrouvés tous un peu abattu. Quand on a commencé les compositions du troisième album « Fréquence Violence », celui qu’on défend là, il n’y avait plus de concerts, donc on a fait un album plus mélodique, un album qui s’écoute, un album de salon. Notre son évolue en fonction de ce qu’on vit.
Comment on amène un album de salon sur scène ?
Olivier : Pour ma part, cela a été compliqué de répéter cet album en live parce que, mélodiquement parlant, il est plus audacieux. Les lignes de chant sont beaucoup plus travaillées et je suis un chanteur autodidacte amateur. Les chanter en live c’était un défi, rien que chanter juste, c’était déjà dur ! Je ne suis pas sûr d’y arriver encore tout à fait aujourd’hui. Mais les gens sont bourrés, les gens n’entendent rien. Personne n’a d’oreille de toute façon, donc ça va.
Louis : Après je pense qu’on a la formule pour faire sonner les trucs en live parce qu’on vient du live à la base. Moi j’ai fait des concerts sans savoir jouer de batterie. J’ai appris à jouer à force de faire des concerts. Donc on repère facilement les trucs qui marchent, les trucs efficaces. Il faut faire le tri dans ce qu’on a fait en studio pour faire ressortir quelque chose qu’on a envie de faire sonner en live, que ça soit efficace tout en respectant l’âme de l’album. C’est un travail de longue haleine !
Pour vous, c’est quoi le rock en 2023 ?
Olivier : On va reprendre les fondements. Il y a la drogue, l’alcool et le sexe. Le rock, c’est une pyramide composée de ces trois bases. C’est ça le rock. Si tu n’as pas ces trois notions, tu ne seras pas rock.
Louis : Moi j’ai l’impression que le rock c’est une identité. Et ce qui est important, c’est de ne pas rester dans le rock justement !
Propos recueillis par Léa Campistron
Photos : Victor Picon