L’acte de naissance de Rose Rose : un Parisien (Pierre Le Boulc’h) et un Londonien (Samuel de Gunzburg), amis depuis une dizaine d’années, ont décidé d’unir leurs talents de compositeurs/producteurs autodidactes afin d’explorer toutes les possibilités des musiques électroniques.
Après avoir recruté une solide équipe de musiciens, les compères ont sorti une petite poignée de morceaux depuis 2020, mais surtout, en mars dernier, un premier maxi intitulé Eye to Eye, jumelant allègrement la French touch avec le disco, le funk avec la synth-pop et la house.
On ignore encore ce que peut nous réserver ce duo franco-britannique qui vient tout juste de faire son entrée dans la cour des grands. On a hâte de suivre les prochaines étapes de la carrière de ce groupe qui voit la vie en rose.
Rencontre.
C’était votre premier concert, ça s’est bien passé ?
C’était une expérience exceptionnelle avec un public qui répondait à toutes les chansons. C’était très agréable.
Avec votre musique, on a un peu l’impression que a la French Touch ressuscite. Comment on s’approprie des genres qui sont implantés et comment on les modernise ?
Pour donner vraiment la touche personnelle à un genre, on joue avec les moyens qu’on a, c’est-à-dire jouer avec ses qualités mais aussi ses défauts. Ça crée notre personnalité en quelque sorte : un peu actualiser des inspirations comme la disco, la French Touch, d’autres genres, et les réunir.
C’est marrant que vous parliez de défauts. C’est rare que des artistes me disent devoir jouer avec ses défauts. Ça serait quoi les vôtres et comment les compenser ?
On parle plus des défauts de la personnalité. On essaye de faire en sorte que notre musique nous ressemble. C’est la seule manière d’ajouter un peu de vérité et d’authenticité. Pour le travail musical, on se concentre et on s’entraine sur nos qualités et on laisse de côté nos défauts pour rester sur des terrains où l’on peut s’améliorer.
L’un de vous vit en Angleterre, l’autre en France, comment ça se passe le processus de création ?
On bosse beaucoup à distance. On s’appelle la journée, puis, tous les mois, on se retrouve ensemble à Paris ou Londres pour enregistrer pendant deux, trois semaines, comme si on était en résidence. On a notre studio dans notre appartement à Londres. Quand quelqu’un cuisine, l’autre en train de faire de la musique. C’est dans la même salle donc ça nous permet de vivre au son de la musique. Comme c’est du home studio, on enregistre parfois des voix et il nous arrive des mésaventures. Par exemple, il y a un arbre qui est en train d’être coupé en face. Premier jour d’enregistrement, on s’est fait réveiller par une tronçonneuse qui était à cinq mètres de nos oreilles. On se demandait quand ça allait s’arrêter. Ça s’est arrêté cinq minutes avant le début de la session.
Comment on fait pour faire travailler un Français et un Anglais ?
Finalement, ce qui est assez marrant, c’est que celui qui vit en Angleterre préfère la culture musicale Française et l’inverse. Du coup, ça nous crée des influences totalement différentes. Mais dans la façon de travailler ensemble, on a quand même les mêmes bases musicales françaises.
Dans votre clip Charlotte, on voit des jeunes qui viennent faire la fête chez des seniors. Est-ce que c’est un peu ça aussi que vous voulez retrouver, un côté transgénérationnel ?
On sait que notre audience, ça se partage entre des gens qui étaient déjà nés à l’époque où il y avait de la disco et des gens de notre âge qui apprécient la musique électronique et qui aiment le retour de la disco.
On ne se rend pas forcément compte, mais la French Touch, ça a plus de vingt ans, donc c’est plus du tout jeune. Et pourtant, ça parait toujours moderne.
On a continué à l’écouter jusqu’à aujourd’hui. On n’a pas ressenti cette déconnexion, je pense. C’est à partir du moment où on a commencé à sortir notre musique, et à la faire écouter à d’autres qu’on s’est rendu compte que la French Touch, c’était vieux. C’est vraiment la musique qu’on écoutait adolescents. Et on pense que quand on est adolescent, on n’a pas de jugement sur la musique. Donc c’est sans doute comme ça que ça nous a influencé. On n’a pas dévié de ce jugement. Et quand on voit nos ainés de la French Touch qui continuent à être cool, on se dit que finalement, c’est peut-être un bon filon.
C’est quoi les artistes qui font le plus rêver ? Ils ont parfois arrêté.
Il y en a qui ont arrêté récemment, comme notre fameux duo français Daft Punk. Mais certains continuent. Même un Jean-Michel Jarre, on adorerait faire une première partie d’un de ses concerts. Justice, les Chemical Brothers aussi.
C’est quoi la suite du programme ?
Après ce travail sur notre tout premier concert ici à Rock en Seine, on va se pencher sur le premier album de l’histoire de Rose Rose, prévu pour 2024.
Propos recueillis par Alexandre Mathis
Crédit photo : Louis Comar