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Témé Tan : "Ma musique est organique"

25 Août 2017
Témé Tan : "Ma musique est organique"

Elevé à Kishasa et à Bruxelles, Témé Tan s’inspire bien sûr de sa double identité, mais aussi de ses voyages au Brésil, en Guinée et au Japon. Glanée aux quatre coins du globe, sa musique chantée en français n’est pas un fourre-tout sans queue ni tête. Au contraire, Témé Tan surprend par son minimalisme et sa capacité à faire le tri dans ses influences pour en proposer une version très personnelle, agrémentée de beats electro et d’un groove apaisant.

Ça va pas la tête, votre premier clip, a été filmé en Guinée. Le sample au cœur de la chanson est un moment volé à Kinshasa, avec des enfants. Votre musique s’imprègne de vos voyages, de vos rencontres, des sons que vous entendez…

« J’ai deux passions dans la vie : les voyages et la musique. Les deux sont inséparables. Quand je voyage, je suis inspiré donc je compose, j’enregistre des sons… J’aime ces sonorités que je n’entends pas forcément à Bruxelles ou à Paris. Je me permets de les capturer furtivement et j’en nourris mes productions. »

 

 

Un de vos voyages, au Brésil, a été particulièrement déterminant. Il a changé votre façon d’envisager la musique…

« En 2011, j’ai sorti un l’EP Matiti, qui n’a absolument rien provoqué dans la presse belge. Cela m’a fait un peu déprimer. Peu de temps après, je pars en Amérique Latine, d’abord au Pérou et ensuite au Brésil. Je rêvais d’aller là-bas depuis longtemps, pas pour les paysages mais pour la musique. J’y découvre ces fameuses soirées où les musiciens se retrouvent autour d’une table, ils sortent leurs instruments et reprennent les classiques de la musique populaire brésilienne. A l’époque, j’en avais marre d’aller à des concerts où les gens se regardent avec leurs bières à la main et analysent tout ce qui se passe sur scène. Après avoir été témoin de ces soirées brésiliennes, j’ai eu simplement envie de revivre des concerts où on danse, on chante et on oublie la journée. Ce voyage au Brésil m’a bouleversé. J’ai eu envie de vivre des concerts comme ceux-là et de les faire vivre. »

Outre vos souvenirs musicaux de voyages, il y a une forme de « spleen » lumineux dans vos chansons. Et, à ce titre, Améthys, qui est en hommage à votre mère disparue, fait figure de clé de lecture d’une certaine manière.

« Je suis quelqu’un d’assez positif. Mais je sais aussi que mes morceaux les plus joyeux me sont apparus dans des moments hyper sombres. C’était soit pour me remonter le moral, soit pour remonter le moral à quelqu’un. Pour Améthys, j’avais d’écrire un morceau en hommage à ma mère, mais aussi de célébrer sa vie et ce qu’elle m’avait transmis, non pas de m’apitoyer sur mon sort. Et c’est vrai que c’est un morceau que j’ai écrit du point de vue de l’enfant que j’étais. J’aime le côté fragile, naïf et spontané des enfants. »

 

 

Vous vous nourrissez de tout ce que vous vivez pour faire vivre votre musique : de vos voyages, de vos idées, de musiques différentes. Est-ce que l’on pourrait dire que vous faites de la musique organique d’une certaine manière ?

« Clairement. J’enregistre des choses avec mon dictaphone, j’enregistre une guitare dans un autre pays sur un enregistreur cassette un peu mal fichu, je récupère la bande un peu distordue… Je considère les morceaux comme des petits animaux. Il y en a parfois qui vous tiennent comme des petits dragons et il faut essayer de la canaliser, de trouver une forme de consensus avec elles. Oui, ma musique est organique. »

Votre écriture est très poétique. Vous utilisez des images, vous essayez de déclencher des émotions via des sensations…

« J’adore écrire en français, car c’est un défi en soi. J’aime beaucoup la poésie japonaise, les haïkus, où en 3 lignes une image incroyable s’ouvre devant nos yeux. Je tends vers un minimum de mots, très simples, qui peuvent provoquer une image plus importante. »

Vous revendiquez une influence d’Ali Farka Touré qui, lui aussi, mariait les genres musicaux, en l’occurrence musique traditionnelle et blues.

« J’ai développé mon jeu de guitare autour de la bossa nova, du tropicalisme et de Franco Luambo. Mais Ali Farka Touré a vraiment été un guide par rapport à ce que j’avais envie de développer autour de la guitare. »

Propos recueillis par Thomas Destouches

SCÈNE DU BOSQUET
Vendredi 25 août, 16:15 > 17:00