Vivre à deux pas de la mer pousse à l’évasion vers le grand large. Les six compères de ce groupe, anciens camarades de lycée à La Rochelle, ne s’appellent pas The Big Idea pour rien.
Le regard vers l’horizon, ils ont effectivement eu une “grande idée”, un projet fou à réaliser ensemble : enregistrer un album à bord d’un voilier voguant sur l’Atlantique.
Après une préparation rigoureuse durant laquelle ils ont écrit des démos, appris à naviguer et retapé un bateau (Le Grand Vésigue), les compères se sont lancés et le fantasme est devenu réalité. L’album en question, The Fabulous Expedition of Le Grand Vésigue, rend compte de ce trip improbable mais vrai à travers des morceaux somptueux, d’une jolie fluidité entre pop finement orchestrée, esprit rock et inspirations capverdiennes suite à une escale sur les terres de Cesária Evora.
En attendant leur venue à Rock en Seine cet été, rencontre avec le groupe, qui parle ici d’une seule voix.
“On a formé le groupe en terminale, au lycée. On avait tous différents groupes, et on a fait le point avec tous les potes musiciens, pour voir qui était partant pour monter à la capitale et continuer la musique. C’est devenu The Big Idea”.
Vous aviez une idée claire sur ce que vous vouliez faire ?
“En terminale, on écoutait beaucoup le Brian Jonestown Massacre, donc on sonnait comme ça. Puis des influences comme Pond ou Tame Impala sont venues s’ajouter par dessus. On est passé par plusieurs esthétiques, on a sorti quatre albums, mais je pense qu’aucun album ne ressemble à un autre. Bref, on a eu 17 ans, puis on a grandi, et on ne veut surtout pas refaire la même chose”.
Et le concept du bateau ? J’ai cru comprendre que c’est mûri depuis des années.
“On a grandi à la Rochelle, donc près de l’eau, donc forcément, on a fait de la voile. En partant à Paris, sur les premiers albums, on chantait parfois le rêve de traverser l’Atlantique. Mais ce ne sont alors que des paroles. Et le Covid est arrivé, on a compris qu’on ne partirait pas en tournée. On a donc fait du bateau, et l’idée de lier cela à The Big Idea est née. Donc l’idée est concrètement née récemment”.
Mais l’idée du bateau a tout déterminé, ou l’album avait un peu avancé ?
“On était en train d’enregistrer un disque, mais on l’a mis de côté. On a tout repris à zéro. Par exemple, sur le bateau, impossible d’utiliser une batterie”.
C’est facile de se tenir à ces contraintes, de ne pas trop ajouter après ?
“C’est tout l’intérêt. On est arrivé en Guadeloupe, l’album était fini, il n’y avait plus que le mixage à faire. On s’est tenu à ces contraintes, et on a sorti un documentaire, vous pouvez y voir toutes les galères”.
Des regrets ? Des moments de doute ?
“Oui, quand il fait 40 degrés et que tu es en train d’enregistrer au milieu de l’océan, tu te demandes un peu, ironiquement, pourquoi tu t’infliges ça. Autre contrainte : on travaillait un par un, de façon solitaire, les arrangements sont donc sans doute un peu plus soignés qu’avant”.
L’album peut exister sans le concept, ou vous aimeriez que les gens soient au courant avant l’écoute ?
“Le plus important pour nous, c’est que l’auditeur voyage quoi qu’il arrive. On a gardé les imperfections, on a même joué avec. Il y a des interludes qui illustrent des escales. Même sans le savoir, les gens ressentiront le voyage”.
Propos recueuillis par Nico Prat