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Thea : « Ma musique s’adresse à ceux qui ne sont pas des cool kids et qui veulent le devenir »

25 Août 2023
Thea : « Ma musique s’adresse à ceux qui ne sont pas des cool kids et qui veulent le devenir »

Emo-melo-drama queen autoproclamée, Théa est de ces artistes qui s’interrogent sur leur propre identité queer et plus vastement sur la notion de féminisme.

Son single Guillotine, tranchant à souhait, se reçoit comme le cri du cœur d’une génération exaspérée et engagée, qui se révolte pour mieux échapper au burn-out et aux innombrables déceptions du monde d’aujourd’hui.

Pour s’exprimer, cette chanteuse qui ne cache pas ses penchants dark utilise des électrochocs technoïdes, parfois proches du son hyperpop ou du flow autotuné du rap futuriste, lacérés par des impacts électriques retentissants à tendance punk. L’album qu’elle a dévoilé en février dernier s’appelle Memento et, effectivement, on s’est pas près de l’oublier.

Rencontre.

Tu as collaboré sur une chanson qui reprenait le thème de Scoubidou. C’était qui le meilleur selon toi dans le Scoubigang ?

Franchement Vera, elle est incroyable : elle est lesbienne, plus maligne que tout le monde, et pourtant personne ne l’écoute. Elle est géniale.

S’il y a bien des gens qui sont peureux, c’est bien cette team. Ta musique c’est presque l’inverse, on a l’impression que tu n’as peur de rien.

C’est intéressant ce parallèle, ma musique est comme eux. Ils sont méga-timides et en même temps, ils vont sur des scènes de fou, où il se passe des trucs de malades. Ils ne sont pas forcément des cool kids à la base mais maintenant si : on fait ce qu’on veut, on crie si on veut. Ma musique est comme ça, elle s’adresse à ceux qui ne sont pas des cool kids à la base et qui veulent le devenir.

Tu es un cool kid dans la vie ?

Non je me sens comme un loser à la base, et sur scène, c’est l’espace où je lâche tout ça, où je peux crier, dire ce que j’ai à dire.

Dans ta musique, on a l’impression que tu veux foutre le feu.

C’est un peu nihiliste, c’est sûr ; j’aime espérer qu’on peut faire autre chose, mais ça reste une musique qui est là quand tu n’as plus trop d’espoir. C’est un espace où je peux prendre la parole avec des messages, souvent de la rage et de la tristesse, mais aussi de l’espoir. Je pense que c’est assez générationnel ce sentiment d’être foutu et de vouloir tout foutre en l’air.

Dans ta chanson A la mort, tu dis qu’il ne reste que l’amour. Vraiment ?

Oui, sous toutes les formes : avec les potes, ou même dans le boulot, quand on fait des choses avec les gens qu’on aime.

Musicalement, on te voit un peu comme un croisement entre le retour du nu metal et la musique hyperpop de Sophie ou Charlie XCX.

C’est vrai que je suis inspirée par ces scènes nu metal, punk-pop, punk-rock. Des artistes comme Sophie, c’est une manière de produire où on contrôle tout. C’est plus une démarche qu’un style et qui se développe partout. Leur démarche m’inspire, elle a quelque chose de viscérale.

Comment on défend les enjeux queer par la musique ?

En prenant la place ! En ayant pas peur de publier un morceau sur internet, en participant à des tremplins. Je ne crois pas qu’il y ait une musique queer ou féministe, juste des vécus, et il faut s’autoriser à la faire vivre et la diffuser. Il y a encore des freins qui existent, des oppressions qui ne sont d’ailleurs pas juste dans la musique. Pas mal de trucs chouettes se passent dans le monde qui avance dans le bon sens. Mais les oppressions, quand elles ont vécu pendant aussi longtemps, qu’elles sont aussi ancrées, elles seront toujours là, en musique ou ailleurs.  

Propos recueillis par Alex Mathis.

Photos : Louis Comar