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Theo Lawrence And The Hearts : "nous n'arrivons pas à être orthodoxes dans notre manière de faire de la soul"

26 Août 2016
Theo Lawrence And The Hearts : "nous n'arrivons pas à être orthodoxes dans notre manière de faire de la soul"

La génétique devra un jour se pencher sur la capacité d’absorption de la génération Youtube. Pendant ce temps, les autres spécialistes pourront se pencher sur le cas spécifique de Theo Lawrence, songwriter – chanteur pas né de la dernière pluie mais presque. La vingtaine, déjà un passif de poids (son groupe Velvet Veins jouait à Rock en Seine en 2014), Theo Lawrence passerait, à l’oreille, pour un soulman du Mississippi à qui la vie a déjà raconté ses secrets. Theo Lawrence est en fait un titi francilien, une version locale d’Alabama Shakes : « Les secousses de Gentilly » ! En deux titres formant un EP miraculeux, Theo et ses Hearts redessinent la cartographie du continent de la soul. La géographie a aussi des comptes à rendre.

Nous avons rencontré Theo Lawrence And The Hearts.

Vous faites partie de la programmation de Rock en Seine 2016. Avez-vous fait partie des spectateurs lors des précédentes éditions ?

Theo : Je suis venu pour la première en 2008 avec mes parents. C’était mon tout premier festival. J’y ai vu Them Crooked Vultures, MGMT, Eagles of Death Metal… Deux ans plus tard, j’étais revenu avec mon premier groupe (ndlr: Velvet Veins).

Vous êtes jeunes et vous faites de la soul, une musique qui, généralement, requiert un vécu, une expérience de la vie… Est-ce que, vous concernant, la « valeur soul » n’attend point le nombre des années au final ?

Theo : C’est comme du bon vin. On chante des sujets qui ont sans doute été interprétés 2000 fois avant nous tout en leur apportant une petite torsion. On essaie de s’approprier ces thèmes, de les incarner à notre façon. Je n’écris que des paroles qui correspondent à ce que j’ai pu vivre ou expérimenter. J’essaie de rester concret d’une certaine manière. Ma musique représente parfaitement ma vie de jeune homme de 21 ans. Cela sera amené à évoluer donc, mais je chanterai ainsi tout au long de ma vie.

Louis (guitariste) : Toutes nos chansons parlent d’amour. Et nous avons déjà tous été amoureux. Cela donne juste assez de légitimité pour chanter.

Olivier (bassiste) : Faire de la soul, c’est avant tout une affaire de sincérité. A partir du moment où on met son cœur dedans et que l’on respecte 2 ou 3 codes, que l’on ne révélera pas ici, cela vient un petit peu tout seul. Et c’est aussi cette musique-là que l’on écoute tous les jours.

Quels sont ces mystérieux « 2 ou 3 codes » ?

Nevil (clavier) : C’est très difficile à déterminer ! (rires) Un bon B3 (ndlr : orgue) bien gras. De la sincérité.

Louis : Très peu de notes à la guitare !

Vos deux chansons « Heaven to Me » et « All Along » partagent cette forte sincérité soul. Mais elles se différencient par des sonorités très différentes, se nichant parfois dans de menus détails qui changent pourtant totalement la tonalité…

Theo : On a écrit Heaven to Me il y a un an et demi. A l’époque, on voulait vraiment faire une chanson soul traditionnelle, respectueuse des traditions. L’influence majeure était la soul de Brooklyn, de Charles Bradley à Sharon Jones en somme. All Along était un exercice très différent. On voulait y injecter la même spontanéité mais avec d’autres sonorités, d’autres sons, et en particulier la musique traditionnelle cambodgienne.

Les influences que vous revendiquez sont diverses. Et cet éclectisme est facilité par un accès incroyable à la musique, qui est possible aujourd’hui, à travers les plateformes de streaming, Youtube… On peut vraiment naviguer dans la musique de tous les horizons du matin au soir.

Louis : J’ai énormément de disques. En pleine journée, je n’écoute rien ou presque, avec seulement mon vieil iPod qui, malgré ses 10 ans, tient encore le coup. En ce qui concerne les plateformes de streaming, j’essaie de les éviter mais c’est surtout parce que je suis un audiophile, je suis très attaché à la qualité du son. C’est aussi pour cela que j’écoute essentiellement de la musique chez moi, via des vinyls ou des CDs.

Olivier : J’écoute de la musique partout, tout le temps. C’est sans doute un trait commun à beaucoup d’entre nous. On a tous des îlots préférentiels. Je suis par exemple un très grand fan de soul mais au sens strict. On écoute de tout, ce qui est connu et ce qui l’est beaucoup moins. On ne se considère pas comme des spécialistes pour autant, on est juste content d’échanger les uns avec les autres sur la musique.

Nevil: Il ne faut pas non oublier que nous sommes de la génération Youtube. Cela se reflète aussi dans notre musique.

Quelle est votre dernière découverte justement ?

Theo : J’ai adoré l’album de Whitney, Light Upon The Lake. On n’aurait pas pu faire notre musique il y a 40 ans. On a aujourd’hui accès à toutes ces musiques très facilement. C’est sans doute aussi pour cela que nous n’arrivons pas à être orthodoxes dans notre manière de faire de la soul. Et on n’y arrivera sans doute jamais. Il y a trop de choses qui traînent dans nos oreilles.

Louis : Je pense tout de même que notre culture musicale s’est faite relativement tôt. Ma passion pour la musique est née non pas via Youtube mais avec les disques que mes parents m’achetaient sous la pression ! Et ces vinyls sont des objets que je chéris encore aujourd’hui. Ces disques sont finalement beaucoup plus durables que Youtube. Si on commence à apprendre la guitare à 24 ans en regardant Youtube, on n’arrivera jamais à la maitriser si on s’y est mis tôt avec juste ses oreilles et pleins de disques.

Quel est le premier disque que vous avez acheté avec vos sous ?

Louis : Un live des Rolling Stones : Got Live If You Want It. Je l’avais en réalité acheté pour ma mère tout en sachant qu’elle ne tenait pas vraiment à ce disque. Donc concrètement je l’avais un peu acheté pour moi (rires) !

Olivier: : Je me suis toujours arrangé pour qu’on m’offre des disques donc le premier que j’ai acheté est arrivé un peu tardivement. C’était White Blood Cells des White Stripes. C’était à Bonn en Allemagne.

Nevil : C’était un live des Who enregistré à Leeds. C’était le vinyl, il y avait toutes les photos dedans…

Theo : J’étais en 5ème et je me souviens l’avoir acheté à la boutique Crocodisc de Saint Michel, à Paris. C’était un disque des Yardbirds, Having A Rave Up. C’est amusant parce que je l’ai réécouté il y a quelques mois et je n’aime plus trop ça ! (rires)

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