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Girl in the band : Lily Boy, la voix féminine des moustachus de Deluxe

30 Juin 2017
Girl in the band : Lily Boy, la voix féminine des moustachus de Deluxe

En partenariat avec Cheek Magazine

On a interviewé les filles de groupes mixtes programmés à Rock en Seine, pour savoir si elles se sentaient exposées au sexisme dans leur activité de musicienne. On commence avec Lily Boy, de Deluxe.

Lily Boy a intégré Deluxe en 2009, deux ans après que les cinq garçons moustachus aient décidé de se rassembler pour jouer de leur electrop-pop-funk-jazzifiante qui n’entre en fait dans aucune vraie case. “Je les ai rencontrés totalement par hasard, se souvient-elle, dans les rue d’Aix-en-Provence. Ils jouaient toujours du jazz punk, un truc hyper énergique, ça me plaisait énormément.” Alors un soir, au détour d’un de leurs concerts, dans un bar, elle va leur parler: “J’ai fait ma grande gueule, et le lendemain, j’étais en studio.

L’alchimie a mieux que bien fonctionné: huit ans et deux albums plus tard -le dernier, Stachelight, est sorti en 2016-, ils seront à Rock en Seine le 27 août. L’occasion de tendre le micro à Lily Boy, qui inaugure notre interview Girl in the band, où l’on rencontre des femmes qui évoluent entourées d’hommes dans le monde de la musique pour tenter de répondre à cette question: être une femme dans un groupe d’hommes expose-t-il forcément au sexisme?

 

La fois où on a voulu t’expliquer comment chanter?

Je crois que ça va, j’ai une place assez privilégiée: je suis écoutée et entendue par mes collègues moustachus, même dans la bêtise absolue! Et si dans la vie, il y a et il y aura toujours quelques mauvaises langues qui te mettront des bâtons dans les roues et des coups dans l’aile, elles sont largement dépassées en nombre par des âmes bienveillantes qui ont cru en moi et m’ont encouragée à faire mon truc!

La fois où on t’a prise pour une groupie?

À peu près à chaque fois que je me rends seule et incognito féliciter un groupe de mecs après leur concert! Là, j’accuse! À la différence de mes camarades, j’ai remarqué que, lorsque je vais dire bravo à un groupe de filles ou de mecs, on va me prendre de haut sans s’intéresser à qui je suis. Alors que si je suis avec l’un des moustachus de Deluxe, la réponse n’est pas la même.

Le truc technique que tu es la seule à maîtriser dans le groupe?

Hmmm, je me sens un peu empotée d’un coup… Je suis la seule à ne pas jouer d’instrument! Mais je maîtrise la fabrication du grog et le grand écart surprise comme personne.

Le plus girly des musiciens qui t’entoure?

Si par girly on entend branché mode, soigneux de son apparence et de tout en général, Soubri, le cheveu d’or aux percussions et aux machines, est notre champion! Cela dit, je trouve que tous les Deluxe sont des mecs très “in touch” avec leur féminité et leur sensibilité. On s’influence et on apprend beaucoup des uns les autres: avec le temps, on a fini par tous se brosser les dents…

 

Ta référence en matière de femme dans un groupe d’hommes?

Il y en a plein: en ce moment je trouve les frontwomen de Alabama Shakes, MisterWives et The Internet ultra classes. Et puis mention spéciale à Flore, de L’Impératrice!

Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de la musique?

Lauryn Hill dans Sister Act 2, l’oracle! Mais autrement, et j’en prends conscience depuis peu, il y a certainement le pouvoir de la respiration: on se fait vibrer quand on chante, c’est directement une sensation de bien-être. On se fait résonner, on se sent vivant, c’est agréable!

Pourquoi les femmes sont-elles toujours minoritaires dans la musique selon toi?

C’est vrai que dans le monde du live, c’est encore super déséquilibré. Surtout côté technique: les filles dans ce monde ont tendance à être des piles hyperactives, comme si ça leur permettait d’éviter de se prendre des réflexions genre “ah c’est une fille”. Il faut dire qu’en général, même le technicien le plus geek/cérébral dans son domaine se retrouve à un moment à charger/décharger des trucs énormes, c’est ultra physique. Ça explique peut-être ce déséquilibre. Mais bon, la situation me semble être semblable dans beaucoup d’autre domaines. 

Que faudrait-il pour que ça change?

Se faire une raison! Qu’est-ce que tu aimes faire? Une fois que tu l’as défini, fais-le à 200% même si tu es la seule fille! Plus que jamais, il faut chanter haut et fort les mots de Nas: “I know I can be what I wanna be!

Propos recueillis par Mathilde Saliou

Un article à retrouver sur le site de CHEEK