
Ex-étudiante du prestigieux Berklee College of Music, Noor a choisi de traiter la musique avec le plus grand sérieux, comme un objet sacré. Cette chanteuse, productrice et compositrice appliquée s’exprime par le biais de chansons electro-pop intimistes, aux textes fins et précis.
L’artiste française admire Bon Iver et Lana Del Rey, et on entend chez elle pourquoi : sensible, mélancolique et savamment préparée, sa musique touche à l’intime. Signée chez Romance, label qui compte parmi ses rangs Angèle et Clara Luciani, Noor a sorti un premier EP dont le titre ressemble à une confession : Les histoires tristes me collent au corps. Enrobés de pudeur mais dotés d’une sincérité touchante, ses morceaux ont plu à Hervé et à November Ultra, pour qui elle a assuré des premières parties. A elle de jouer maintenant, seule !
Rencontre.
Noor : “Je suis seule sur scène, moi, mon clavier et mes machines”.
C’est une solitude choisie ?
“C’est naturel, ma musique relève de l’intime, donc je n’ai jamais cherché à m’entourer. Est-ce que c’est un regret ? Non, ou alors une frustration plutôt, je me dis que parfois cela pourrait être plus grand, mon son plus ample. Mais pour l’instant, au démarrage, je trouve ça très bien”.
Ce terme, “intime”, n’est évidemment pas choisi au hasard.
“Mon projet est vraiment intimiste, et intime. Quand je compose, les premiers jets, les premiers mots, c’est toujours un moment de survie émotionnelle. Il faut que je couche la chanson sur papier, pour reprendre mon souffle. Mais c’est une émotion brute, donc parfois, je vérifie, je regarde si mes mots ne sont pas trop crus, s’ils ne risquent pas de heurter. Et en même temps, quand je commence à gommer les contours, tout de suite, les chansons ont moins de caractère”.
Tu penses donc très tôt aux retours du public.
“Je suis assez consciente du public, à chaque étape de la création, j’ai conscience que je compose pour donner à quelqu’un. Et dès le début, dès que je commence à enregistrer des idées sur mes notes iPhone. C’est en général de là que tout part, je dois en avoir 88000 (rires). J’écris absolument partout où je vais. Le bus, le métro, c’est un peu n’importe quoi. Et après, soit je vais sur mon piano avec un texte déjà fait, soit j’appuie sur le bouton d’enregistrement et tout jaillit d’un seul coup, musique et textes en même temps”.
Mais c’est une souffrance pour toi la création ?
“Si on écoute mon premier EP, qui s’appelle quand même “Les histoires tristes me collent au corps”, on se doute bien qu’il y a de la souffrance dans ma vie, mais ma musique est le seul endroit où il n’y en a pas”.
Quelle place laisses-tu au temps long, à l’oisiveté ?
“Bonne question. On ne me l’a jamais posé. C’est difficile de répondre à cette question, mais ce qui est certain, c’est que la naissance de mes titres vient toujours d’un moment d’urgence. Donc je compose toujours parce que j’ai besoin de composer, je ne me force pas. Et mes plus belles chansons sont sorties en dix minutes. Quand j’ai quelque chose à dire, je le dis dans mes chansons. Quand je n’ai rien à dire, je l’accepte totalement”.
Qui sont tes premiers auditeurs ?
“Ma famille, mes sœurs, mes nièces… Leur avis est crucial. Et en même temps, si elles me disent qu’elles n’aiment pas, je m’en fiche, je n’en fais qu’à ma tête. Je crois que je suis chiante (rires)”.
C’est quoi la suite ?
“Je me projette année après année, j’ai évidemment de grands rêves. Je suis mal organisée dans mon emploi du temps, je ne pense pas mois après mois, mais oui, je me projette, je sais ce que je veux accomplir. Mon été ? Rock en Seine, évidemment. Depuis que je sais que je fais Rock en Seine, je n’ai plus envie de partir en vacances. Mon été va être consacré à ce concert”.
Propos recueillis par Nico Prat.