
On a découvert Margaux Jaudinaud quand elle était l’une des moitiés du regretté duo Ottis Cœur, tandem entièrement féminin qui a fait tant de bien à la scène rock hexagonale entre 2020 et 2024.
On la retrouve aujourd’hui en tant que Vera Daisies, projet solo d’émancipation dans lequel elle fait tout de même équipe avec Géraldine Beaux (alias Geagea) pour la production de son premier single. Celui-ci, intitulé Chess Game, vient justement de paraître fin mai. La musicienne y livre ses questionnements intimes autour de l’amour, de la mélancolie et du passage délicat entre l’adolescence et la vie d’adulte. La chanteuse et guitariste fait appel à des outils modernes venus de l’hyperpop, tout en rendant hommage aux guitares télé-transportées des nineties qui la fascinent depuis belle lurette.
Rencontre.
Vera Daisies : “Très bien, je me présente, je m’appelle Margaux, mon projet se nomme Vera Daisies, j’ai des lunettes et je suis blonde (rires)”.
Tu te souviens de ta première chanson ?
“C’est assez complexe de répondre à cela car le projet existe depuis longtemps, mais sans nom, j’avais un groupe, c’est un projet récréatif, c’était mon défouloir. Donc je testais des choses. Et un jour, on m’a proposé d’ouvrir en solo pour Tess Parks, une artiste que j’adore, à la Maroquinerie, une salle que j’adore aussi, ma salle préférée même. Mon live n’était pas prêt, donc j’ai tout retravaillé pour que ça sonne, j’ai travaillé les structures. Donc certains morceaux de Vera Daisies datent pas mal”.
Tu as eu un déclic mental un jour, comprenant que ceci, c’était ton métier ?
“J’ai fait des études d’art et de graphisme, donc pendant longtemps je faisais de l’illustration, des films d’animation, et à côté, j’avais déjà la musique, donc pour moi ça a toujours été une question de balance. Aujourd’hui, j’arrive à faire les deux, c’est génial, car j’ai une passion pour le dessin mais une autre pour la musique. Je ne dis pas que je suis musicienne. Mais je crois pouvoir dire que je suis artiste”.
Est-ce que le nom de Vera Daisies oblige les chansons à sonner d’une certaine façon ?
“Je n’ai pas cette réflexion. je fais de la musique depuis un moment, et le plus important, j’ai réalisé, c’est d’être proche de toi, aimer ce que tu écris. Et j’aime ce que j’écris, je pense chaque mot. Donc la question en réalité ne se pose pas, quand tu fais de l’art, ça te ressemble. Moi je ne produis pas du contenu”.
Et tu aimes prendre ton temps.
“La composition, il n’y a pas de règle, mais pour moi, c’est du temps long. J’ai des doutes, des incertitudes, je passe mon temps à questionner ce que je fais, pour que cela me ressemble vraiment aussi, pour que ce soit au plus proche de mes envies. Mais elles changent tout le temps donc c’est une quête sans fin”.
La suite, c’est quoi ?
“J’ai une mentalité de hippie, vraiment, je ne me projette pas. C’est trop dur, surtout avec ce qu’il se passe dans le monde. Je vis de ma passion, de mon dessin, de ma musique, je prends ça au jour le jour, et c’est déjà une forme de succès”.
Propos recueillis par Nico Prat.