Ce collectif mixte appartient au label indépendant Born Bad, formidable centre de gravité de tous ces artistes français qui continuent de faire vibrer la scène rock underground.
Parmi cette famille en or, Bryan’s Magic Tears tire son épingle du jeu en mettant en avant les guitares, la distorsion et un chant un peu lointain, comme perdu dans le brouillard. Ils chantent en anglais comme leurs héros d’hier (The Jesus and Mary Chain, Dinosaur Jr., My Bloody Valentine…), tout en y ajoutant leur petite touche de modernité, histoire d’éviter l’excès de nostalgie.
Riches en riffs dévastateurs et en mélodies contagieuses, les morceaux tirés de leurs deux albums, 4 AM (2018) et Vacuum Sealed (2021) s’adaptent à la perfection au live – le groupe semble d’ailleurs adorer cet exercice.
Nous les avons rencontré à l’occasion de leur venue à Rock en Seine.
“On ne s’impose aucune règle, mais une chanson part souvent d’un petit gimmick. Un son, un petit riff… C’est souvent comme ça que naissent nos chansons. Et les textes naissent à la fin, on chante en yaourt pendant un certain temps. La chanson que j’ai dans la tête, et c’est parfois un peu tyrannique, doit correspondre à ce qu’elle est à la fin.
L’inspiration est-elle un muscle ? Oui, ça se travaille. Il faut aussi travailler avec la frustration, c’est souvent quand on fait quelque chose qui n’a rien à voir avec la musique, et qu’on ne peut pas enregistrer, qu’on a les meilleures idées. La panne vient souvent quand on est frais et dispo, prêt à ne faire que ça. Donc oui, l’inspiration est un muscle, mais il faut aussi laisser faire le temps. Il faut savoir s’ennuyer.
La frustration, c’est aussi quand on tente de finir un morceau. Il y a toujours une partie de nous qui regrette l’absence de quelque chose. Mais les morceaux évoluent aussi de leur côté. En live, ça change de sens, mais en studio, il faut savoir trancher. Bon, c’est souvent le label.
Le fantasme de la vie de rockstar est à la hauteur de la réalité, je pense. On a toujours su que le van serait pourri. Ce que l’on rêvait de faire, on le fait. Parfois, oui, c’est un métier comme un autre. Avant le covid en tout cas. Et le fait de ne pas jouer pendant deux ans… On arrête de se plaindre. Il y a évidemment des jours avec et des jours sans. Mais on fait tout de même un chouette métier, il faut le dire. Et on ne veut pas tomber dans cet écueil : faire un métier, un job quoi !
Sur scène, c’est théâtral, évidemment. Un peu. Quand on joue, il y a de l’adrénaline, donc forcément, on devient un peu fous, mais aucun ne joue de rôle, aucun ne fait un geste cool parce qu’il faut le faire. Nous sommes un groupe honnête”.
Propos recueillis par Nico Prat
Photos : Victor Picon