Pas de panique devant ce déluge de consonnes imprononçables qui remporteraient gros au Scrabble : ce nom est tout simplement une version stylisée et anti-voyelles du mot Mannequins. Pourtant, ne pas compter sur ces garçons pour prendre la pose. Leur auto-description sur Facebook, en anglais pour être compris partout, donne le ton. Sonic salvation / Born out of boredom / Straight to your bones. Ces Rouennais ne sont pas là pour faire de la figuration et quiconque a assisté à l’une de leurs prestations sauvages ne dira pas le contraire.
Rappelant Joy Division ou The Horrors, ils jouent leur rock débraillé et désenchanté avec une certaine élégance. Côté actualité, après leur bouillonnant EP Capital fin 2016, la prochaine sortie de ces rockeurs modèles ne devrait plus tarder.
Les gens ont l’impression que tout est nouveau pour nous, que tout nous tombe tout cuit dans le bec mais ça c’est fait pas à pas, ça nous permet de relativiser. Les choses se sont faites au fur et à mesure, on vient juste de signer sur un label anglais… Ça nous permet de garder la tête sur les épaules.
C’était votre ambition ce label ?
Dès le début du projet, on a voulu avoir cette touche british, le projet est né au Pays de Galles, d’ailleurs. Nos influences rock sont évidemment anglaises.
La formation a beaucoup changé au fil du temps ?
On a eu douze membres en trois ans, même si on essaie de travailler entre potes. Faut dire ce qui est aussi, Adrian est carrément insupportable. Ils le détestent tous. Ça a permis d’affiner la formule et de trouver des gens toujours plus motivés et compétents. Le groupe est un peu dictatorial et s’articule autour d’Adrian même si il laisse une place aux autres, sciemment, pour qu’ils se sentent concernés.
Tout le monde peut faire entendre sa voix ?
C’est bien qu’il y ait un « chef », il faut que quelqu’un prenne le pas, l’ascendant. C’est assez sain comme procédé, je trouve. Ça ne veut pas dire qu’on inverse pas le processus, parfois. Adrian peut prendre un morceau écrit par l’un des membres et le saccager.
C’est important de triturer l’écriture ?
On essaie de tester plein de façon d’écrire, c’est quelque chose qui nous tient à coeur. Il faut que les paroles aient du sens, pas forcément de manière tangible. On tombe pas dans la pseudo-poésie même si on fait des métaphores. On veut juste que les paroles fassent sens pour nous et le public, on espère.
Le rock, c’est forcément politisé ?
Il y a toujours des facteurs sociaux qui transparaissent. Evidemment, on (se) doit de parler de notre mode de vie, même si on est pas à la rue…
Sur scène, vous êtes violents.
On aime jouer très fort, très vite et parfois très mal. On aime quand c’est chaotique. Au Printemps de Bourges, la batterie s’est pétée la gueule, en emportant tous les micros. Il nous arrive toujours des trucs imprévus. La semaine dernière, au Festival Terra Incognita, Adrian a fini le menton en sang, on ne sait pas comment. Il était ivre comme un rat mort…
Propos recueillis par Sarah Koskievic